Juges "bâtards" : pas de poursuite possible selon le bâtonnier

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et Pierre de Cossette , modifié à
RÉACTION - Pierre-Olivier Sur estime que les propos de Me Herzog sur les juges de l'affaire Bettencourt ne feront pas l'objet de poursuites pénales.

Il avait crié au scandale lors de la révélation par Le Monde des écoutes téléphoniques visant Nicolas Sarkozy et indirectement son avocat Me Herzog. Mais maintenant que les soupçons de "trafic d'influence" et de "violation du secret de l'instruction" se précisent, au regard des dernières publications de Mediapart, le bâtonnier de Paris se montre plus tempéré. Pierre-Olivier Sur estime par ailleurs que le qualificatif de "bâtard", utilisé par Me Herzog pour désigner les juges enquêtant sur l'affaire Bettencourt, ne "fera pas l'objet de poursuites pénales".

Pas d'injure ou d'outrage selon le bâtonnier. Le bâtonnier explique en effet que ces propos ont été tenusdans un cadre privé et non en face des juges d'instruction visés. Un contexte qui empêche toute poursuite pour injure ou outrage selon lui. "Il n'est pas admissible que, publiquement, on injurie, ou on outrage un magistrat. Mais, ici, nous ne sommes pas dans un cadre public. Donc, il n'y a pas d'injure publique. Nous ne sommes non plus dans un cadre privé. L'injure ou l'outrage, c'est de dire à quelqu'un, face à lui, les yeux dans les yeux, un certain nombre d'outrages à son encontre. Ce n'est pas le cas non plus ici, puisqu'on est dans le cadre confidentiel d'une conversation entre un avocat et son client", détaille Pierre-Olivier Sur au micro d'Europe 1.
 

L'exemple de Buffalo Grill. Pour appuyer sa démonstration, ce dernier cite l'exemple de l'affaire Buffalo Grill. Une affaire qui avait défrayé la chronique au début des années 2000, quand la juge Marie-Odile Bertella Geoffroy s'était attaquée au spécialiste de la grillade, le soupçonnant d'avoir violé l'embargo sur le bœuf britannique, victime de l'épidémie de la vache folle. A l'époque, deux clients de l'enseigne étaient morts. L'un des avocats de la famille d'une victime, placé sur écoute, avait alors tenu des propos grossiers, visant la juge d'instruction. L'avocat, selon les révélations des écoutes visant son client, avait déclaré : "les juges, je leur pisse à la raie". "Des propos scandaleux, mais des propos qui n'ont pas donné lieu à des poursuites de la part du parquet", rappelle Pierre-Olivier Sur. Et de conclure : "je vous assure que le parquet n'engagera pas de poursuites pénales."

L'émoi des avocats. Lors des révélations de la mise sur écoute de Nicolas Sarkozy - et donc indirectement de son avocat - Pierre-Olivier Sur avait dénoncé une atteinte au secret professionnel. Il avait même été jusqu'à envoyer une lettre à François Hollande pour se placer sous sa "haute protection" et lui dire "l'émoi" de la profession après les écoutes de l'avocat de Nicolas Sarkozy. Au delà-de l'initiative du bâtonnier de Paris, l'affaire avait suscité l'émoi auprès des avocats qui avaient réagi par l'intermédiaire d'une pétition.

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