Jean-Michel Bissonnet perd son calme

Les plaidoiries ont été interrompues plusieurs heures lundi, pour reprendre sans l’accusé.
Les plaidoiries ont été interrompues plusieurs heures lundi, pour reprendre sans l’accusé. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Les plaidoiries ont été interrompues plusieurs heures lundi, pour reprendre sans l’accusé.

Le procès Bissonnet a été marqué lundi par un coup de colère de Jean-Michel Bissonnet, accusé d'avoir commandité le meurtre de sa femme, Bernadette, en mars 2008. L’homme a interrompu brutalement les plaidoiries des parties civiles, entraînant une suspension de séance.

"Laissez-moi sortir, je vais casser quelque chose"

"Putain, c'est pas possible, vos conneries. C'est pas possible d'entendre des mensonges comme ça. Je ne peux plus écouter", a-t-il crié, alors que Me Luc Abratkiewicz, avocat du frère de la victime, pointait les "gestes troublants" de l'accusé au moment des faits. Le président de la cour d'assises de l'Hérault, Joël Mocaer, l'a alors exhorté au calme, appelant à "poursuivre le débat judiciaire". En vain.

"Laissez-moi sortir, je vais casser quelque chose. Vous voulez que je devienne fou, vous voulez que je me tue devant tout le monde ?", a réagi l'intéressé, tapant du poing, malgré les tentatives de ses avocats Me Nathalie Senyk et Me Frédéric Verine pour le ramener au calme. L'audience a finalement repris peu après 19 heures, en l'absence de Jean-Michel Bissonnet, qui a refusé de comparaître en dépit d'une sommation délivrée par un huissier.

Il pas supporté les propos de Me Abratkiewicz

S'il avait manifesté son impatience à plusieurs reprises depuis le début du procès le 10 janvier, l'impulsif Jean-Michel Bissonnet, dont le premier procès avait dû être interrompu en octobre en raison d'une suspicion de subornation de témoin, n'avait jamais exprimé de tel mouvement de colère.

Il n'a visiblement pas supporté les propos de Me Abratkiewicz pour qui il est "impensable" que les deux co-accusés de Bissonnet "aient organisé seuls cet assassinat". L’accusé est présenté comme le commanditaire du crime commis par Méziane Belkacem, l'homme d'entretien occasionnel du couple, qui a avoué avoir tiré sur sa patronne, et le vicomte Amaury d'Harcourt, l'ami de 40 ans, qui a reconnu avoir participé à la préparation du forfait et fait disparaître l'arme.

"On brandit le spectre de l'erreur judiciaire", mais "ce dossier n'est pas vide, il est riche. Les charges sont lourdes, évidentes", a souligné l'avocat de Jean-Pierre Juan, le frère de la victime. Il s'est également interrogé sur la "sincérité de l'émotion" de Jean-Michel Bissonnet quand, après avoir découvert le cadavre de son épouse le 11 mars 2008, il appelle les secours et dans le même temps éteint la télé, enferme son chien au premier étage, recouvre le visage de sa femme d'une veste et essuie la scène du crime avec une serpillière.

Un verdict jeudi ou vendredi

Mais "y a-t-il un code de bonne conduite" quand on est ravagé par la douleur, a argué un peu plus tôt l'avocate des enfants du couple, Marc et Florent, et du père de la victime, Pierre Juan. "Ce qui est vertigineux à vivre, c'est qu'ils n'ont pas trouvé la moindre certitude concrète, palpable" de la culpabilité de Jean-Michel Bissonnet, a affirmé Me Raphaël Chalié, évoquant un "dossier un peu faiblard".

Dans la matinée, Marc, le cadet des enfants, avait lui aussi appelé les jurés à juger "sur des faits, des vérités, pas des interprétations, des hypothèses". "C'est à se demander si j'ai envie que la vie continue. J'ai perdu ma vie, mes ambitions, ma joie de vivre, mon insouciance, j'ai tout perdu, tout", avait-il murmuré, secoué de sanglots. L'audience s'est achevée à 19h55 et reprendra mardi à 9 heures avec la plaidoirie de Me Phung, le second avocat du frère de Bernadette. On ne sait pas, pour le moment, si Jean-Michel Bissonnet acceptera de revenir assister aux débats.