Jean-Marie Messier, ex-"maître du monde", à la barre

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Les actionnaires de Vivendi l'accusent de les avoir ruinés avec une communication financière trompeuse entre 2000 et 2002.

L'ex-PDG de Vivendi Universal, Jean-Marie Messier, s'est défendu avec vigueur et émotion vendredi devant un tribunal new-yorkais face aux actionnaires du groupe, qui l'accusent de les avoir ruinés.

Six semaines après le début de ce procès-fleuve, Jean-Marie Messier, poursuivi dans ce dossier, est le premier témoin cité par la défense de Vivendi, plus de sept ans après son départ du groupe. "Ce que j'ai entendu dans ce tribunal ce matin est tout simplement scandaleux", a-t-il dénoncé après avoir prêté serment. Dire que j'ai orchestré les pertes des investisseurs est un mensonge éhonté", a-t-il ajouté, la voix altérée.

L'ancien patron de Vivendi Universal faisait référence à un document cité par les avocats des actionnaires : en 2003 un avocat de Vivendi l'accusait d'avoir "orchestré" une perte de 100 milliards de dollars pour les actionnaires. Jean-Marie Messier a fait valoir que ce document ne reflétait nullement la réalité. "Oui, je regrette des erreurs. Mais ce dont je parle, ce sont des erreurs liées à la stratégie du groupe. Avec le recul, certaines de mes décisions de gestion, que je pensais bonnes à l'époque, se sont révélées erronées ou ont eu des conséquences imprévues", a-t-il argumenté.

Mais "je n'ai jamais commis de fraude, toutes mes déclarations ont été de bonne foi, chacune d'entre elles", a-t-il martelé. "Je n'ai jamais commis de fraude, jamais, jamais, jamais".

Avant Jean-Marie Messier, l'un des avocats des actionnaires, Arthur Addey, avait lu plusieurs documents énumérant les griefs de Vivendi envers lui, soulignant notamment que le groupe avait traversé sous sa direction "une crise financière ayant menacé son existence même".

Le témoignage de celui qui portait à l'époque le surnom de J6M ("Jean-Marie Messier-moi-même-maître-du-monde"), surnom récupéré par l'intéressé, devrait se prolonger jusqu'en décembre. Ce procès est très rare dans les annales judiciaires américaines, alors que généralement les plaintes d'actionnaires mécontents se soldent par des accords amiables.