Islam de France : le gouvernement veut améliorer le dialogue

© AFP/PATRICK KOVARIK
  • Copié
, modifié à
De nouvelles pistes ont été dévoilées mercredi par le gouvernement pour améliorer le dialogue avec l'islam de France, qui souffre d'un problème récurrent de représentativité.

Comment colmater la fracture interconfessionnelle qui se creuse en France ? Après l'émotion suscitée par les attentats de Paris en janvier, de nouvelles pistes ont été dévoilées mercredi par le gouvernement pour améliorer le dialogue avec l'islam de France, qui souffre d'un problème récurrent de représentativité. Les principales pistes s'articulent autour de deux axes : la formation des imams et la sécurité des lieux de culte. Les mesures concrètes ont été détaillées par Bernard Cazeneuve en Conseil des ministres. Le ministre de l'Intérieur doit se rendre ensuite à Bordeaux où il rencontrera des responsables de la communauté musulmane et visitera trois mosquées.

Des caméras de vidéosurveillance. Dans un contexte rendu plus complexe par les attentats de janvier, qui a vu une hausse des actes islamophobes, la priorité est donnée à la sécurité. Bernard Cazeneuve avait d'ailleurs dès mardi insisté, à l'issue d'une réunion place Beauvau, sur la volonté de l’État de "protéger tous les musulmans de France".

Dans la lignée des mesures prises en direction de la communauté juive, tous les actes anti-musulmans devront être transmis aux préfets, révèle Libération. De nouveaux équipements, comme des caméras de vidéosurveillance, vont être installés aux abords des lieux de culte. Cette mesure de sécurisation sera en partie financer par le gouvernement.

De nouvelles instances de dialogue. L'autre piste repose sur une meilleure représentativité des musulmans de France. La communauté musulmane compte entre 4 et 5 millions de personnes, mais son instance chargée de la représenter auprès des autorités, le Conseil français du culte musulman (CFCM), est en effet régulièrement accusé de faillir à cette mission.

Si le rôle pivot du CFCM n'est pas remis en cause, le gouvernement entend toutefois élargir et diversifier la représentation de l’islam de France. En ce sens, les autorités prévoient la création d'une instance de dialogue avec des responsables d'associations de quartier, des intellectuels ou encore des artistes. Ces derniers travailleront sur des sujets comme la formation civile des imams, l'abattage rituel, la sécurité des lieux de culte, l'organisation des aumôneries, etc.

Ces instances et le CFCM se réuniront deux fois par an pour dialoguer avec l'Etat. La première réunion doit se tenir avant le prochain ramadan, c'est-à-dire autour du 17 juin.

Une meilleure formation des imams. Le gouvernement entend également mettre l'accent sur la formation des imams et des aumôniers en instaurant notamment des cours de culture française pour ceux venant de l'étranger. Le contenu ne sera en effet pas religieux, l'Etat n'ayant pas vocation à assurer une formation théologique.

Le gouvernement prévoit enfin de doubler le nombre de facultés remettant des diplômes universitaires de formation civile et civique aux imams, comme cela existe déjà à Paris notamment. L'objectif est qu'une douzaine d'établissements supérieurs, contre six actuellement, proposent ce diplôme universitaire d'ici la fin de l'année.

Les aumôniers "ne seront recrutés désormais que s'ils ont obtenu ce diplôme de formation aux principes fondamentaux de la République", a affirmé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Mais, pour les imams, il s'agit surtout d'une incitation, car l'Etat ne peut pas obliger les responsables du culte à suivre ce cursus. Une façon toutefois de pallier les manques d'imams en France, où sur les 2.300 mosquées et salles de prières, un grand nombre n'ont pas d'imam permanent, laissant prospérer des prédicateurs itinérants.

Des contrats avec l'Education nationale. Toujours dans une volonté d'encadrement des instances éducatives, les établissements scolaires confessionnels vont être incités à passer sous contrat avec l'Education nationale. Des instructions seront adressées aux préfets et aux recteurs afin qu'ils fassent "pleinement usage" de leurs prérogatives de contrôle, notamment pour les établissements hors contrat.

Une fondation pour promouvoir la réalisation de l'islam. Enfin, une fondation va être mise en place pour "promouvoir les réalisations de l'islam de France", en liaison avec l'Institut du monde arabe. Il ne s'agit pas de relancer la Fondation des oeuvres de l'islam de France, mise en place en 2005 et rapidement tombée en sommeil. L'idée est plutôt de contribuer à la recherche, à la formation et à la diffusion de la culture en s'appuyant sur une "gouvernance différente". Le but est que cette fondation s'autofinance.

>> LIRE AUSSI - 116 actes antimusulmans recensés depuis les attentats

 >> LIRE AUSSI - Le CFCM dénonce une recrudescence des actes antimusulmans

>> LIRE AUSSI - Le rejet de l’Islam recule en France