Intermittents : menace sur les festivals

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avec AFP
Les intermittent protestent contre la nouvelle convention chômage et menacent de perturber les festivals des vacances.

La crise des intermittents va-t-elle impacter les festivals de l'été ? Les patrons de ces événements prennent en tout cas la question très au sérieux. De nombreux intermittents menacent en effet de perturber les spectacles prévus durant la période estivale. En coulisse, les ministères s'activent pour trouver une issue à la crise ouverte par la réforme de leur régime d'indemnisation chômage.

La convention qui fâche. Au cœur du conflit, l'agrément de la nouvelle convention chômage qui prévoit des économies sur le régime d'indemnisation des techniciens et des artistes du spectacle. Cette nouvelle convention, prévue dans la dernière semaine de juin, a d'ores et déjà été validée par trois syndicats (CFDT, FO, CFTC) et le patronat, dont le Medef.

C'était mieux avant ? Le régime actuel des intermittents compense la précarité attachée aux métiers de la culture, en échange de cotisations deux fois plus élevées que dans le régime général. Le Medef est hostile à un statut qu'il juge trop favorable et trop coûteux, et qui est à ses yeux une subvention déguisée à la culture. La négociation, partie sur des bases très radicales - le Medef demandant la suppression du régime - a finalement maintenu le statut des intermittents, mais l'a durci. Principal point qui cristallise la colère : les intermittents devront attendre plus longtemps avant de toucher des allocations.

Quelles conséquences ? La mesure, qui doit générer 100 millions d'économies, va toucher 48% des intermittents contre 9% auparavant, selon le Syndeac. Le Syndeac, qui regroupe les employeurs de la culture, déplore pour sa part que le gouvernement n'ait pas "fixé une feuille de route" et ait "laissé le champ libre au Medef". Mais selon le ministre du Travail, la convention "sauvegarde le régime" et "elle est le résultat du dialogue social", puisque le texte a été signé par une majorité de partenaires sociaux.

Des manifs depuis plusieurs mois. Mais depuis cette validation des syndicats et du patronat, le 22 mars dernier, les intermittents se mobilisent. Mais la cote d'alerte a été atteinte avec la grève, qui a entraîné l'annulation de plusieurs spectacles au Printemps des Comédiens à Montpellier, premier grand festival de l'été. Les intermittents du spectacle ne représentent que 3,5% des bénéficiaires des allocations chômage, mais ils sont traditionnellement plus mobilisés que les chômeurs et défendent leur régime spécifique.

Soutenus par les patrons des festivals. "Des économies de bout de chandelle", s'insurge Paul Rondin, directeur délégué du festival d'Avignon, "inquiet au premier chef, non seulement pour le festival mais sur le fond, sur le statut des intermittents".

La dernière grande crise des intermittents en 2003 avait entraîné l'annulation des festivals d'Avignon, d'Aix-en-Provence et des Francofolies de La Rochelle. De quoi  être "très en alerte", souligne Bernard Foccroulle, directeur du festival d'Aix-en-Provence, qui juge le statut des intermittents "fondamental".

"Il faut que l'opinion publique sache que si ce régime est mis en cause, c'est l'ensemble de l'économie du spectacle vivant qui va basculer", dit-il. Jeudi, une lettre ouverte au Premier ministre signée d'une soixantaine de directeurs de théâtres et de festivals a été publiée dans Libération. "Il y a un problème inquiétant de surdité", soupire-t-on au Syndeac.

Le gouvernement ouvert à la discussion. Aurélie Filippetti et François Rebsamen vont tenter de désamorcer la crise en proposant une négociation aux intermittents le plus tôt possible. Mais le ministre du Travail et la ministre de la Culture ne comptent toutefois pas céder sur l'agrément de la convention chômage. Le bras de fer risque de se poursuivre tout le mois de juin, et de déborder sur un mois de juillet crucial pour l'ensemble du spectacle vivant.

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INFO E1 - Intermittents : les pistes d’Aurélie Filippetti