Emma, l'appât du "Gang des barbares"

Emma avait été condamnée à 9 ans de prison en appel.
Emma avait été condamnée à 9 ans de prison en appel. © REUTERS
  • Copié
Samira Hamiche , modifié à
La femme-enfant de ce groupe, responsable de la mort d’Ilan Halimi, refait parler d’elle.

Au moment des faits, il ne s’agissait que d’une adolescente. Emma*, née d’une mère iranienne réfugiée politique, avait été entraînée par Youssouf Fofana dans le drame qui a coûté la mort à Ilan Halimi. Elle n’avait que 17 ans, en janvier 2006. Son objectif était de séduire Ilan Halimi, et de le mener face à ses futurs tortionnaires. Elle fait de nouveau l'actualité jeudi, alors que le directeur de la maison d'arrêt pour femmes de Versailles est accusé de lui avoir cédé des privilèges par amour.

Dans l'affaire du "Gang des barbares", Youssouf Fofana, considéré comme le cerveau de l’opération, aurait promis de lui verser 5.000 euros en échange de son "service". "Avec toi, je peux faire des merveilles", lui avait-il glissé, en lui montrant du doigt des boutiques du boulevard Voltaire à Paris tenues par des commerçants juifs.

Condamnée à 9 ans de prison

Emma avait finalement réussi à livrer Ilan Halimi aux mains d’un groupe d’une vingtaine de personnes, qui, pour certains, avaient torturé et séquestré le jeune homme de confession judaïque dans une cité de Bagneux (Hauts-de-Seine), durant vingt-quatre jours.

En tant que complice, la jeune femme, aujourd’hui âgée de 21 ans, avait été condamnée au mois de décembre par la cour d’appel de Créteil à une peine de 9 ans de prison, confirmant la décision prise en première instance.

Une personnalité changeante

Plusieurs fois, au fil du procès, Emma a donné une image d’elle ambivalente. Tantôt adolescente vulnérable et influençable, tantôt immature et peu imprégnée de remord. En avril 2009, Emma avait écrit aux parents d’Ilan Halimi pour leur signifier ses regrets et son sentiment de culpabilité. "Je souffre tellement de vous avoir fait autant de mal", avait-elle ainsi livré dans son courrier.

Le procès du "Gang des barbares" a exhumé son adolescence difficile. A l’âge de 14 ans, alors qu’elle est en 5e, elle dit avoir été violée et porte plainte. Mais après avoir appris des auteurs du viol qu’elle était prétendument consentante, la mère d’Emma lui fait retirer sa plainte. Suivie par des éducateurs spécialisés et un juge pour enfants, elle a tenté à plusieurs reprises de se suicider.

*Le prénom a été changé