Des prostituées indélogeables sous leur nez

Des prostituées à la Motte-Servolex, en Savoie, à quelques kilomètres de Voglans.
Des prostituées à la Motte-Servolex, en Savoie, à quelques kilomètres de Voglans. © MAXPPP
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et Jean-Luc Boujon à Voglans , modifié à
REPORTAGE - L'opération de gendarmerie n'a pas délogé "les filles"… au désespoir des riverains de Voglans, en Savoie.

Des "filles" en train de racoler et le ballet des clients : au carrefour de Villarcher, à Voglans, paisible commune savoyarde située entre Chambéry et Aix-les-Bains, c'est le même manège depuis un an sous le nez des habitants.

"C'est toute la journée comme ça"

Les riverains de la "route du sexe", comme on l'appelle dans les environs, n'en peuvent plus.

"Elles sont en face de chez moi", décrit Sylvianne au micro d'Europe1. "Une voiture s'arrête et quand ils ont terminé, ils se reposent là, devant chez moi, et c'est toute la journée comme ça", raconte-t-elle. D'après elle, il y a environ six filles, "dont deux dans un camion".

Censée avoir valeur d'avertissement, une opération menée mardi après-midi par les gendarmes de la brigade d’Aix-les-Bains et de la compagnie de Chambéry n'a rien changé d'après ce qu'a pu constater sur place un journaliste d'Europe1.

Une prostituée roumaine et son client, pris sur le fait, ont tout de même été arrêtés ce jour-là, comme le rapporte Le Dauphiné. L'un comme l'autre se retrouveront devant la justice en septembre : elle, pour exhibitionnisme sexuel et racolage, lui, pour exhibitionnisme seulement.

Comme le relève le quotidien régional, code pénal à l'appui, le racolage est passible de deux mois d’emprisonnement et de 3.750 euros d’amende tandis que l’exhibition sexuelle peut être sanctionnée d’un an de prison et de 15.000 euros d’amende.

"Les gendarmes sont démunis, les élus sont démunis"

La population tente également de prendre les choses en main : un pétition circule et un collectif a été créé avec les communes voisines. Le 21 avril dernier, une chaîne humaine a même été formée le long de la RD 1504. Le préfet et le procureur de la République ont été alertés.

La mobilisation avait alors eu quelques effets : au mois de mai, six Roumains ont été mis en examen et écroués. La prostitution ne constituant pas un délit, les "filles", elles, avaient été remises en liberté.

Depuis, d'autres souteneurs ont visiblement pris le relais : en fin d'après-midi, ils viennent rechercher les filles… avant de les redéposer vers 23 heures.

"Les gendarmes sont démunis, les élus sont démunis", constate Bernard. La lassitude du voisinage est telle qu'il semble craindre un dérapage : "je crois qu'à un moment donné la population va éjecter les personnes… avec les risques que cela comporte".