De faux stages pour récupérer ses points

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Le moniteur d'une auto-école a délivré pendant deux ans des points de permis à 373 automobilistes.

La supercherie aura duré deux ans. Entre 2010 et 2012, près de 373 automobilistes ont récupéré leurs points de permis sans jamais réaliser les deux jours de stages obligatoires. Le moniteur de l'auto-école de Lorient et son complice ont été déférés devant le parquet et devront répondre des faits de faux et usage de faux.

1.500 points de permis donnés

L'établissement, agréé par la Préfecture du Morbihan pour organiser des stages de récupération de points, se contentait de percevoir les 235 euros nécessaires pour obtenir les quatre points de permis. Au total, plus de 1.500 points ont été récupérés illégalement.

"Au début, les moniteurs ont accepté que les automobilistes ne soient présents qu’un jour sur deux. Puis seulement quelques heures. Et à la fin, pour un tiers d’entre eux, plus du tout", précise le procureur de la République de Lorient. Les stages, censés se faire avec la présence de deux formateurs et d'un psychologue, étaient donc très occasionnels.

Une psychologue jamais contactée

La psychologue, qui devait suivre les automobilistes, n'a d'ailleurs jamais été alertée. Le moniteur lorientais imitait sa signature sur les papiers officiels. La professionnelle en question, basée à Lisieux, dans le Calvados, a donc délivrée malgré elle 373 stages de validation. "Et pas un stage n'est valable. Ce sont 373 faux", constate le procureur de la République, Alexis Bouroz.
Le moniteur de l'auto-école bénéficiait également du soutien d'un des formateurs, un Rouennais de 74 ans. Ce dernier, responsable d'un centre de récupération de points à Rennes, venait fréquemment sur Lorient pour apporter de l'aide au moniteur. Le formateur a déjà été condamné à deux reprises pour abus de confiance.

45.000 euros d'amende

Placés en garde à vue ce week-end, le moniteur lorientais et son comparse sont poursuivis pour faux. Entendus par les enquêteurs de la sûreté départementale, les deux hommes ont expliqué vouloir résorber les difficultés financières de l'auto-école en allégeant le module stage, indique Le Télégramme.

"Leurs actes sont graves car le dispositif de stage participe à la lutte contre l'insécurité routière. Là, c'est une arme de moins dans le dispositif", estime le procureur de la république de Lorient. Déférés lundi devant le parquet, les deux hommes ont été laissés libres. Ils comparaîtront le 10 septembre devant le tribunal correctionnel  de Lorient pour faux et usage de faux, indique Ouest France. Ils encourent trois ans de prison, une amende de 45.000 euros et une interdiction d'exercer de nouveau. Les bénéficiaires des points de permis "bidons" ne devraient, eux, pas être inquiétés.