Brétigny : la SNCF n'exclut pas un problème de maintenance

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C'est ce qu'a concédé Guillaume Pépy, son président, alors qu'un audit confidentiel confirmerait cette hypothèse.

Le défaut de maintenance est-il la cause du tragique accident de train de Brétigny-sur-Orge, le 12 juillet dernier ? Guillaume Pepy ne l'exclut pas, comme il l'a confié mardi au Figaro. "Le rapport d'audit interne (...) donne des précisions sur l'origine immédiate de l'accident mais ne peut en indiquer la cause", a souligné le président de la SNCF, tout en "attendant les résultats de l'enquête judiciaire pour dire s'il y a eu ou non un problème de maintenance". Lundi, Le Figaro dévoilait les grandes lignes d'un rapport confidentiel destiné à la direction de la SNCF dans lequel était pointé ce problème de maintenance dès la fin juillet.

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Des boulons manquants. Toute l'attention dans cette enquête est tournée vers l'éclisse, cette pièce métallique qui permet de raccorder deux rails, à l'origine du déraillement du train Corail Paris-Limoges qui a coûté la vie à sept personnes sur les 385 présentes dans le train au moment de l'accident. Selon le rapport confidentiel, "réalisé par la direction des audits de sécurité", que Le Figaro a pu consulter, il apparaît que les boulons de l'éclisse n'étaient pas en parfait état. Un était même "non présent", avec son trou rouillé, ce qui signifie qu'il a dû sauter bien avant l'accident. Un seul sur les quatre était "bien en place". C'est d'ailleurs ce dernier qui "servi de pivot dans la rotation de l'éclisse".

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Un manque de vigilance ? Pourquoi l'inspection des rails une semaine avant l'accident n'avait elle donc pas révélé ce manque ? Deux hypothèses sont avancées : soit le boulon a sauté entre l'inspection et le jour du déraillement, soit le cheminot qui a effectué la vérification a manqué de vigilance. La première hypothèse paraît peu vraisemblable compte tenu de la rouille dans le trou ; la seconde ne hante pas Guillaume Pepy. "Nous ne voulons pas nous défausser sur nos salariés. Nous n'avons jamais dit qu'il s'agissait d'une faute individuelle", défend le patron de la SNCF, qui assume sa position. "Dès le lendemain de l'accident, RFF et SNCF ont choisi de ne pas être dans le déni. Nous avons assumé notre responsabilité", souligne-t-il.

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L'"inspection n'a rien relevé d'anormal". "L'enquête montrera si les règles de maintenance sont imprécises et méritent d'être complétées si leur application a été défectueuse", répond Guillaume Pepy. "Nous savons juste que cette inspection n'a rien relevé d'anormal sinon la circulation aurait été ralentie ou interrompue pour déclencher des travaux de remise en état.. ", ajoute-t-il au quotidien. Le président de la SNCF se défend au passage d'avoir menti ou caché l'absence de boulon sur l'éclisse défaillante. "A aucun moment nous n'avons dissimulé quoi que ce soit (...) Nous avons rendu publiques les photos prises de l'éclisse dès le surlendemain", dit-il encore.

"Notre réseau est sous contrôle". Une campagne de vérification post-Brétigny sur l'ensemble du réseau avait permis de faire un "bilan boulons" : 6% d'entre eux avaient dû être resserrés, et 0,2% changés. "Ces boulons étaient dans un état qui nécessitait un remplacement. On ne peut pas exclure que certains étaient absents", admet Jacques Rapoport, le président de Réseau Ferré de France (RFF). Mais tout en reconnaissant que "Brétigny est une catastrophe", Jacques Rapoport assure que "notre réseau est sous contrôle. L'an dernier, nous avons relevé 126 événements critiques (...) Il y a dix ans, on en dénombrait 309", argue-t-il.