ArcelorMittal : les salariés occupent Florange

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avec Sébastien Ruffet et Arthur Helmbacher , modifié à
Craignant une fermeture, des employés ont envahi les lieux aux cris de "L'usine nous appartient".

"Nous allons mettre au chômage technique la direction". Les ouvriers d’ArcelorMittal de Florange, en Moselle, sont remontés et ont décidé de le faire savoir. Lundi marque le début d’une série d’actions "coup de poing" pour protester contre le non-redémarrage de la filière liquide de l'usine mosellane au deuxième trimestre 2012, ce qui revient à la fermeture temporaire de l’usine jusqu’au 30 juin.

Première étape pour les salariés : l'occupation des locaux, sans violence. Quelque 200 ouvriers, pour la plupart casqués, sont entrés dans les "grands bureaux" de l'usine, aux cris de "Mittal, on veut du travail" et de "L'usine nous appartient".

"Tant qu'on n'aura pas la garantie que..."

Ils ont trouvé les locaux vides et une centaine de personnes se sont engouffrées dans les locaux de la direction. Pour Edouard Martin, membre CFDT du comité central d'entreprise, "toutes les grandes décisions concernant l'avenir de ce site sont prises autour de cette table (…) tant qu'on n'aura pas la garantie ferme que les hauts fourneaux redémarreront, ce sera à nous".

"L'Etat a sauvé les Lejaby. Il doit intervenir pour nous", a déclaré pour sa part le responsable FO, Walter Broccoli. "Si Mittal ne veut plus de Florange, qu'il s'en aille... Mais il est hors de question qu'il démantèle l'usine, uniquement pour qu'elle ne soit pas reprise par un concurrent", a affirmé le syndicaliste, très déterminé.

En début d'après-midi, des tentes, des tables et des bancs avaient été dressés devant l'immeuble administratif pour "officialiser" l'occupation, a expliqué Jean Mangin, responsable de la CGT. "Ce sera le village de la résistance, où les ouvriers pourront venir s'exprimer sur leur lutte", a-t-il ajouté.

Une journée d'action à venir

L'intersyndicale a également appelé à une "grande journée d'action" le 29 février à Metz. "Si le président se défile, je vous garantis qu'à partir de la semaine prochaine et d'ici au 6 mai Florange va être le cauchemar du gouvernement", a prévenu Edouard Martin.

"C'est une usine qui fait vivre toute une vallée, une agglomération de 50.000 personnes. C'est la dernière usine de la vallée. Si demain on devenait chômeurs on ne pourrait même pas nous reclasser ailleurs, il n'y a plus rien dans la région", explique le syndicaliste.

Il faut dire que l’avenir du site de Florange est clairement menacé. Le premier haut fourneau a été mis à l’arrêt en juillet dernier et le deuxième a connu le même sort le 4 octobre. Depuis, les ouvriers sont au chômage technique et craignent pour leur avenir. L’intersyndicale CGT-CFDT-FO-CFE/CGC est en effet persuadée que la prolongation de la fermeture du site annonce la "mort programmée" du site.

Fermé jusqu’à 2013

"Le gouvernement est le seul à faire confiance à Mittal lorsqu’il parle temporaire", explique Édouard Martin, représentant CFDT du comité central d’entreprise. Même son de cloche du côté du maire de Florange, Philippe Tarillon. Ce dernier "craint que le groupe sidérurgique ne recule pour mieux sauter le pas de la fermeture définitive après les élections, alors qu’il fait pourtant des bénéfices".

Selon une source officieuse contactée par Europe 1, le redémarrage des fourneaux ne se ferait pas avant 2013. Certains salariés spécialisés auraient même reçu des propositions pour aller travailler sur d’autres sites. Au total, 5.000 personnes, dont 3.000 CDI, sont concernées. Le hic, Florange constitue le dernier bastion industriel de la vallée. Le site étant menacé, les ouvriers n’ont nulle part où être reclassés.