André Bamberski : "si c'était à refaire, je le referais"

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avec Chloé Triomphe et AFP , modifié à
JUSTICE - Il est jugé pour avoir commandité l'enlèvement en Allemagne de Dieter Krombach, qu'il a fait condamner pour la mort de sa fille Kalinka.

Au nom d'un "devoir moral", André Bamberski a consacré plus de 30 ans de sa vie à faire condamner celui qu'il tenait pour le meurtrier de sa fille. Un combat intransigeant et obstiné, qui lui vaut de comparaître à son tour devant un tribunal. Le Français est accusé d'avoir commandité l'enlèvement en Allemagne de son ennemi juré, le Dr Dieter Krombach, depuis condamné pour la mort de Kalinka. André Bamberski doit lui répondre, à partir de jeudi, d'enlèvement et séquestration en bande organisée, ainsi que de complicité de violences volontaires. Il encourt cinq ans de prison. Le jugement sera rendu le 18 juin.

Un long combat judiciaire. La vie de ce fils d'immigrés polonais, né dans le Nord de la France, bascule en 1982. Il a alors 45 ans. Sa fille Kalinka, 14 ans, est retrouvée morte au domicile de son beau-père Dieter Krombach, en Allemagne. Persuadé de la culpabilité du Dr Krombach, André Bamberski "à la fois moine combattant et bloc d'amour paternel" selon le mot de l'un de ses avocats, entame alors un long et complexe combat judiciaire, en France et en Allemagne. Aux frontières de la légalité.

Kalinka Bamberski

Pour que le Dr Krombach soit jugé en France, alors que l'Allemagne refuse de l'extrader, André Bamberski est allé jusqu'à organiser son rapt, le 17 octobre 2009, devant son domicile en Bavière. Quelques heures plus tard, dans la nuit du 17 au 18 octobre, le médecin allemand avait été retrouvé ligoté, bâillonné et blessé au visage, sous le porche d'un immeuble près du tribunal de Mulhouse. Le père de Kalinka, qui réside près de Toulouse, s'était ensuite lui-même rapidement rendu à Mulhouse, où la police n'avait pas eu de mal à l'interpeller pour l'interroger.

Bamberski assume. Cheveux blancs, mâchoire serrée, regard bleu intense derrière ses fines lunettes, André Bamberski compte assumer devant les juges les faits pour lesquels il est poursuivi. "Je confirmerai que j'ai accepté la proposition qui m'a été faite de faire transporter le Dr Krombach d'Allemagne en France pour qu'il soit jugé pour le meurtre de Kalinka", commente-t-il au micro d'Europe 1.

"Si c'était à refaire, je le referais" :

Bamberski : "si c'était à refaire, je le referais"par Europe1fr

Cet ancien expert-comptable explique avoir agi vite, craignant que les faits soient prescrits. "Disons que j'ai craqué en prenant cette décision, surtout à l'approche de la prescription. Ça faisait déjà 27 ans que Kalinka était morte, j'ai paniqué et je me suis dit aussi que compte tenu que les autorités françaises ne faisaient rien pour qu'il y ait cette purge de la contumace, ce réexamen de son procès, il fallait que quelque chose soit réalisé", explique-t-il.

"C'est le prix légal à payer". Ce rapt a finalement conduit à l'interpellation, puis à la condamnation du Dr Krombach, à 15 ans de réclusion criminelle, confirmée en avril dernier par la Cour de cassation. Et, sur ce point, André Bamberski ne regrette rien, même s'il juge les poursuites dont il fait l'objet "injustes". "Évidemment, je considère ceci comme injuste, mais je suis obligé d'admettre que ça fait partie de l'ensemble des démarches que j'ai effectuées. Je dirais qu'au moment de l'arrestation du Dr Krombach, je n'avais pas pensé à tout ça. Mais après étude et réflexion, c'est le prix légal à payer. Si c'était à refaire, je le referais", assure-t-il.

dieter Krombach

"Je n'imagine pas être condamné à des années de prison". Ce dernier espère toutefois que sa condamnation ne sera pas trop sévère et il compte d'ailleurs plaider la relaxe. Lors du dernier procès Krombach, à Créteil en décembre 2012, l'avocat général avait d'ailleurs salué le rôle joué par André Bamberski dans cette affaire. "Sans lui, il n'y aurait jamais eu de procès. (...) Il y a eu cet enlèvement, mais la cause est juste", avait-il souligné. Une déclaration qui laisse André Bamberski confiant. Et de conclure : "J'imagine une condamnation, éventuellement aménageable. Mais je n'imagine pas être condamné à des années de prison ferme. Ça ne me paraît pas justifié."

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