Amine "l’Auvergnat" d’Hortefeux se confie

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Amine Benalia-Brouch, ex-militant UMP avait été victime d’une "blague" jugée raciste en 2009.

Le 5 septembre 2009, Brice Hortefeux "plaisantait" avec un jeune militant, Amine Benalia-Brouch, lors des universités d’été de l’UMP, à Seignosse dans les Landes. "Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a plusieurs qu’il y a des problèmes", avait déclaré le ministre de l’Intérieur. Une petite phrase prononcée sur le ton de la blague, mais qui avait vite tourné à la polémique.

"Le coup" des Auvergnats

Du jour au lendemain, Amine Benalia-Brouch s’est retrouvé, bien malgré lui, au cœur d’une polémique. Après avoir soutenu pendant un temps le ministre de l’Intérieur, le jeune homme confie à présent, dans un livre, intitulé Confessions d'un Sarkozyste repenti, les "pressions et manipulations de l’UMP" dont il a fait l’objet.

Il écrit par exemple que Marie Aphatie, la secrétaire départementale des Landes, qui lui a proposé la version des "Auvergnats". "Quand je suis allé dans le bureau de Brice Hortefeux, il m’a dit : "vous avez bien fait de parler des Auvergnats, je n’y aurai pas pensé "", explique Amine, au journal Sud-Ouest.

Brice Hortefeux et Amine à Seignosse le 5 septembre 2009 :

"Une fois la polémique retombée, je me suis senti sale", confie Amine dans un entretien accordé au Parisien. Il a depuis quitté l’UMP. "J’ai toujours pensé que cette phrase était raciste. Mais la pression exercée sur moi par l’UMP était énorme", révèle le jeune homme, qui regrette aujourd’hui d’avoir "trahi [ses] convictions" et dit avoir écrit ce livre en guise d’excuses pour sa famille et ses amis.

"J’ai menti. Je m’excuse"

"Je le dis très clairement : j’ai menti. Je m’excuse auprès des gens que j’ai pu blesser par ma complaisance à l’égard des propos du ministre que j’aurai dû condamner", déclare Amine au journal Sud-Ouest, mercredi. Le jeune homme explique également qu’un responsable de la fédération UMP des Landes lui a conseillé d’expliquer aux journalistes que les propos de Brice Hortefeux avaient été sortis de leur contexte.

Ce sont également des responsables de l’UMP qui lui ont conseillé de faire une vidéo dans laquelle il exprimait son soutien au ministre. Edouard Courtial, secrétaire national aux fédérations UMP, a même corrigé le texte préparé par le jeune militant pour la vidéo. "J’ai écrit une première version du texte, qu’il a ensuite corrigée et validée. Après l’enregistrement, j’étais incapable de regarder le résultat. J’avais trop honte", explique le jeune homme. La vidéo, diffusée sur Internet, avait été reprise et parodiée. Amine avait ensuite reçu des menaces de mort et avait été agressé à la sortie d’une discothèque à Dax.

"Vous savez, là où il y a justice, il y a danger"

Lors d’un deuxième rendez-vous, un mois avant le procès pour diffamation de Brice Hortefeux, le ministre lui explique que "moins il y aura de déclarations, mieux ce sera". "En clair, il me demande de me taire. Je lui réponds qu’il a peu de chances d’être condamné", se souvient Amine. "Sa réponse m’a scotché : "vous savez, là où il y a justice, il y a danger". Une phrase pareille venant d’un des plus hauts représentants de l’Etat, c’est hallucinant!", s’insurge le jeune homme.

Aujourd’hui, Amine attend de Brice Hortefeux qu’il lui présente des excuses. Mais cette mésaventure ne l’a pas pour autant dégoûté de la politique. Il dit toujours aimer la politique et pense même à rejoindre le mouvement de Dominique de Villepin "et pourquoi pas, me présenter un jour à une élection". Amine réfléchit également à porter plainte contre Brice Hortefeux.