Accident/convoi nucléaire: 6 mois avec sursis

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avec AFP , modifié à

Un militaire a été condamné lundi à Marseille à six mois de prison avec sursis pour l'accident d'un camion de transport nucléaire survenu en juin 2010 sur la base aérienne d'Istres (Bouches-du-Rhône). Le chauffeur, un caporal-chef de 28 ans, a été déclaré coupable de blessures involontaires et violation de consignes, mais relaxé pour mise hors service d'un matériel à l'usage des forces armées.

Le parquet a requis six mois de prison avec sursis ainsi que six mois de suspension de permis de conduire, lors de ce procès à huis clos devant la chambre militaire du tribunal de grande instance de Marseille. "Il n'y aura pas de suspension de permis de conduire et pas d'inscription au casier judiciaire. Cela ne devrait pas entraver votre carrière militaire", a lancé la présidente Carole Sayous au prévenu, qui n'avait pas revêtu son uniforme "à la demande du chef, par rapport aux journalistes".

Le 9 juin 2010, le camion qui, selon les autorités, ne contenait pas d'ogives car il arrivait de la base d'Avord (Cher) pour remplacer un blindé tombé en panne, s'est renversé dans un virage alors qu'il roulait trop vite, en tentant d'éviter un soldat qui faisait son footing à l'intérieur de la base d'Istres. Les trois militaires à bord, deux chauffeurs et leur supérieur, ont été blessés, dont l'un, avec deux fractures aux cervicales, a passé six mois alité.

Me Ophélie Kirsch, avocate du conducteur, a plaidé la relaxe, pointant des "défaillances techniques", des "carences hiérarchiques" et une formation insuffisante de son client. "C'est un militaire soucieux des consignes, de l'ordre et aux états de service élogieux", a-t-elle argué. Le militaire le plus gravement blessé, qui s'était constitué partie civile, "en veut moins au conducteur au véhicule", dont il avait signalé les dysfonctionnements, a déclaré son conseil, Me Charlotte Joly.

Les pertes matérielles avaient été estimées à 50 millions d'euros par l'armée, le véhicule spécial renforcé de marque suédoise, pesant 33 tonnes et d'une puissance de 585 CV, étant mis hors d'usage. Mais Me Bruno Lombard, agent judiciaire du Trésor, l'a chiffré lundi à cinq millions d'euros. L'enquête a pointé des excès de vitesse à répétition sur le trajet du camion - jusqu'à 105 km/h alors que le moteur est théoriquement bridé à 80 km/h, sauf urgence - et des ennuis mécaniques récents sur le véhicule. Les investigations ont également mis au jour que le chauffeur n'avait pas la qualification requise pour conduire le camion.