Zone 30 km/h 4:38
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avec Océane Théard, à Paris
Depuis lundi, les 30 km/h sont généralisés dans toutes les rues de Paris, ou presque. Une mesure qui irrite Yves Carra, porte-parole de l'Automobile club association. Pour le responsable, cela devrait augmenter le mécontentement des usagers de la route, sans avoir d'effets positifs sur la fluidité ou la pollution, explique-t-il sur Europe 1, lundi.
INTERVIEW

C'est une mesure à laquelle les Parisiens devront se plier, avec une période d'adaptation de quelques jours. À compter de lundi, la vitesse sera limitée à 30 km/h dans la quasi-totalité des rues de Paris, avec environ six rues sur dix qui étaient déjà concernées par cette limitation. Comment les automobilistes vont-ils s'adapter à cette nouvelle donne ? Est-ce que cette mesure va permettre de réduire la pollution ou les bouchons. Yves Carra, porte-parole de l'Automobile club association et invité d'Europe 1, lundi midi, se montre très pessimiste sur l'impact de cette décision.

L'exemple du périphérique

Selon le responsable, cela va augmenter le mécontentement des usagers de la route, contraints de baisser le pied, en dépit du fait que la vitesse moyenne de circulation n'est que de 15 km/h actuellement. "Pour nous, c'est une catastrophe", estime ainsi Khaled, artisan parisien rencontré par Europe 1lundi matin. "On a trois, quatre chantiers sur Paris. Avec la limite de vitesse et les embouteillages, on a à peine le temps de passer sur deux, trois chantiers que la journée est déjà finie. Déjà, à 50 km/h, c'est juste."

L'un des arguments avancés par la mairie de Paris pour mettre en place ces 30 km/h réside dans l'amélioration escomptée des conditions de circulation dans la capitale. "Sur le périphérique, on est passé de 90 à 70 km/h. Qu'est-ce que ça a changé ? Rien, ni en pollution, ni en bruit, ni en fluidité", balaie Yves Carra. "Passer à 30 km/h (…), forts des expériences passées dont on ne tient pas compte, malheureusement, a priori, ça ne changera rien."

Débat sur la pollution

Pour appuyer sa démonstration, le responsable avance que la mesure pourrait augmenter la pollution. "Un rapport du Cerema, qui est un organisme officiel, pas du tout partisan, en a conclu après des tests qu'il y a eu plus de rejets polluants qu'à 50 km/h ou 70 km/h", souligne-t-il. Un raisonnement qui s'explique par une plus grande pollution des moteurs thermiques à basse vitesse, mais que le Cerema modère immédiatement en affirmant que ces plus fortes émissions se produisent lorsque le moteur est froid. Selon cet organisme, il faut davantage considérer la pollution globale, avec l'ambition de réduire la place de la voiture.

Enfin, sur la sécurité, Yves Carra, "il faudra avoir une étude très précise sur l'accidentologie à Paris" pour affirmer que la réduction de la vitesse entraîne une baisse du nombre d'accidents. "La juste vitesse, il faut faire confiance aux automobilistes, ils l'adoptent spontanément dans les petites où on peut pas rouler à 50 ou 60 km/h. Ce n'est pas un souci." "C'est à tout à chacun de faire très attention, autant les piétons que les voitures", confirme Christelle, Parisienne rencontrée par Europe 1 lundi matin. "À 30 km/h je ne suis même pas sûre que les gens respecteront cette limitation."