30 ans d'Erasmus : le programme d'échanges européen en six anecdotes

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Les étudiants qui souhaitent expérimenter la vie à l'étranger peuvent passer de deux semaines à un an dans une université partenaire © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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Marthe Ronteix
Jusqu'au 14 juin se déroulent les #Erasmusday pour promouvoir le programme d'échanges entre universités européennes qui fête ses 30 ans d'existence.

Le programme d'échanges universitaires entre 33 pays d'Europe fête ses trente ans jusqu'au 14 juin. Erasmus a permis à plus de trois millions d'étudiants européens, dont près de 616.600 Français, de passer un semestre ou un an d'études dans une université partenaire. L'occasion pour Europe1.fr de revenir sur l'histoire de cette institution.

1 - Rejeté trois fois avant d'être adopté

Initié dès 1971, le programme Erasmus a été rejeté trois fois par le Conseil des ministres de l'Éducation avant d'être adopté en 1987. Pour que ces échanges internationaux fonctionnent, il fallait que les États membres de l'Union européenne participants s'accordent sur des diplômes équivalents, une même période d'études (soit trois ans de licence puis deux ans de master), la création des ECTS (European Credit Transfer System)… autant de freins au développement de ce partenariat.

Mais c'était sans compter sur l'arrivée à la tête de la Commission européenne de Jacques Delors en 1985. Pour le Français, le programme de mobilité devait concerner 10 % de la population étudiante, rappelle Toutel'Europe.eu. En plus du poids de Jacques Delors, le programme a bénéficié de l'influence de l'AEGEE, une association d'étudiants européens créée en 1985. Très active, l'association développe un lobbying politique au plus haut niveau et rencontre plusieurs chefs d'États, dont François Mitterrand en 1987. Les étudiants parviennent à le convaincre d'appuyer la création du programme.

2 - Pourquoi le programme s'appelle "Erasmus" ?

Il s'agit de l'acronyme de EuRopean community Action Scheme for the Mobility of University Students (ou en français, Programme d’Action de la Communauté européenne en matière de mobilité des étudiants). Mais ce nom fait aussi référence au savant néerlandais du XVème siècle, Erasme de Rotterdam. Ce savant humaniste a parcouru l'Europe, de la France à l'Italie en passant par l'Angleterre. Passionné par les voyages et profondément pacifiste, Erasme a encouragé la compréhension mutuelle des peuples en promouvant une vision de l'Europe unifiée et éclairée. Son nom était donc tout indiqué pour incarner ce programme d'échanges européens.

3 - Cinq millions de personnes sont parties "en Erasmus" depuis sa création

Si jusqu'aux années 1990, le programme s'adressait uniquement aux étudiants, il s'est élargi depuis. Désormais il concerne aussi les jeunes diplômés, les demandeurs d'emploi, les professionnels du monde associatif, les apprentis… Mais la plus grosse population reste les étudiants. Ils sont 3,3 millions à avoir bénéficié d'un semestre ou d'une année d'études dans une université partenaire. Parmi eux, on trouve 616.600 étudiants français et plus de 120.000 enseignants et formateurs.

4 - 33 pays participent à ce programme "européen"

Le programme ne se limite pas aux frontières de l'Union européenne. Les pays fondateurs sont l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la France, la Grèce, l'Irlande, l'Italie, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni. Mais bien d'autres se sont associés à ces échanges au fil des années. Désormais les étudiants peuvent partir dans l'un des 28 États membres de l'Union européenne ainsi qu'en Islande, au Liechtenstein, en République de Macédoine, en Norvège ou en Turquie.

5 - Un million de "bébés Erasmus" sont nés

D'après une étude de la Commission européenne dévoilée en 2014, plus d'un million de bébés seraient nés à la suite d'un échange Erasmus. Un chiffre qui a fait beaucoup parler de lui aussi bien parce qu'il donne une image très positive du programme que parce qu'il n'est qu'une estimation de la Commission européenne.

Elle repose sur les 27% d'anciens étudiants qui ont rencontré leur conjoint lors d'un échange, soit 4 170 personnes. Or le journal Libération souligne que l'âge de ces personnes n'est pas précisé alors que pour que le calcul de la Commission soit juste, "cela suppose que les couples formés par la magie d'Erasmus se reproduisent plutôt jeunes…". Le quotidien rapporte qu'en réalité, le programme d'échanges produit plus de célibataires que de couples puisque 64% des étudiants passés par Erasmus vivaient seuls au moment de l'étude.

6 - Le nombre d'inscriptions aurait doublé après L'Auberge espagnole

Le film sorti en 2002 met en scène un jeune Français qui part pour un an à Barcelone et se retrouve dans une colocation internationale. Une vision dorée de l'échange universitaire qui aurait fait beaucoup de publicité au programme. Le réalisateur Cédric Klapisch affirme que "les inscriptions ont même doublé" après la sortie de son film, dans une interview au Figaro. Si ce chiffre est difficile à vérifier, il est vrai que l'Espagne est la première destination choisie par les "étudiants Erasmus", devant l'Allemagne et la France.