Mila, ici sur le plateau de l'émission "Quotidien", est la cible de nombreuses menaces en ligne. 1:32
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Marion Dubreuil, édité par Antoine Terrel , modifié à
Agés de 18 à 30 ans, 13 prévenus doivent comparaître devant le tribunal correctionnel pour harcèlement en ligne, mais aussi, pour certains, menaces de mort et menace de crime à l'encontre de Mila. Aujourd'hui âgée de 18 ans, la jeune femme sera présente à l'audience. 

Plus d'un an après la polémique, la jeune Mila est toujours la cible de menaces. Treize personnes doivent être jugées jeudi à Paris pour avoir participé au harcèlement de l'adolescente, avec parfois des menaces de morts, après sa publication d'une vidéo dans laquelle elle critiquait l'Islam. Après une première vidéo qui avait provoqué une véritable vague de harcèlement, contraignant la jeune femme à quitter son établissement scolaire et à être placée sous protection policière, une seconde vidéo avait à nouveau fait le buzz mi-novembre, provoquant un nouveau torrent d'insultes et de menaces. Les prévenus, âgés de 18 à 30 ans, sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour harcèlement en ligne, tandis que certains doivent aussi être jugés pour menaces de mort, et pour l'un d'eux menace de crime. Mila, elle, sera présente à l'audience. 

C'est la première fois que Mila, 18 ans, va être confrontée à ses harceleurs, 10 garçons et trois filles. Ces derniers sont étudiant, boulanger ou pion. Inconnus de la justice pour la plupart, ils sont de toutes les confessions religieuses et de tous les coins de France. Leur point commun ? Avoir envoyé sur les réseaux sociaux des messages de harcèlement ou des menace à Mila. "Mettez-lui un coup de machette", "Je me ferai un plaisir de lacérer ton corps" ou bien encore " Je vais te faire une Samuel Paty". 

Plus de 50.000 messages haineux

Même en l'absence de concertation, l'accusation a retenu le caractère massif du harcèlement subi par Mila. La jeune fille a reçu plus de 50.000 messages haineux. Certains prévenus ont admis avoir fait du mal à la jeune femme. "J'aurais pas dit ce que j'ai écrit si j'avais été face à elle", a dit l'un. Mais d'autres se retranchent derrière la liberté d'expression. Un avocat de la défense évoque la réaction inadaptée, "débile", de son client à des propos "provocateurs et vulgaires" tenus par Mila sur l'Islam.

Mais ces menaces sont une atteinte au droit au blasphème, estime l'avocat de Mila, Richard Malka, également conseil de Charlie Hebdo, dénonçant "un véritable processus de terreur numérique". "Ce n'est pas facile pour elle, mais elle tient à être là, à être confrontée à ces personnes qui lui ont volé sa vie", ajoute-t-il, revenant sur la présence de sa cliente à l'audience. Les accusés, eux, ont "des profils très différents", note-t-il, constatant qu'ils sont plutôt "de jeunes gens sans problèmes". 

"La seule jeune fille qui va rester confinée"

Aujourd'hui, déplore Richard Malka, Mila "est la seule jeune fille de France qui va rester confinée, qui n'est plus scolarisée, qui est protégée 24 heures sur 24". Et d'ajouter : "Elle vit un enfer depuis 18 mois alors qu'elle n'a fait qu'exercer un droit."

"Quand on n'est pas d'accord avec quelqu'un, on ne lui envoie pas des menaces de mort, c'est grave", martèle l'avocat. "Ce sera maintenant à la justice de rappeler ce qu'est le cadre légal et ce que sont nos valeurs républicaines."  Les prévenus encourent deux ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende pour le harcèlement en ligne, trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende pour les menaces de mort.