Séisme en Turquie et en Syrie : pourquoi cette partie du globe est-elle régulièrement secouée ?

Un séisme de magnitude 7,8 a frappé la sud-est de la Turquie et une partie de la Syrie dans la nuit de dimanche à lundi.
Un séisme de magnitude 7,8 a frappé la sud-est de la Turquie et une partie de la Syrie dans la nuit de dimanche à lundi. © LOUAI BESHARA / AFP
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Romain Rouillard , modifié à
Dans la nuit de dimanche à lundi, un séisme de magnitude 7,8 a frappé le sud-est de la Turquie et une partie de la Syrie. Le bilan provisoire fait état de près de 2.000 victimes. Si ce tremblement de terre a impressionné par son intensité, cette partie du globe est régulièrement touchée par des secousses sismiques.

Le sud-est de la Turquie et une partie de la Syrie voisine se sont réveillés meurtris ce lundi matin. Ébranlés par un puissant séisme de magnitude 7,8  sur l'échelle de Richter qui a touché les deux pays dans la nuit de dimanche à lundi et dont les secousses ont été ressenties jusqu'au Groenland. Il a été suivi quelques heures plus tard d'un autre tremblement de Terre, légèrement plus faible (magnitude 7,5), venu ajouter un peu plus d'ampleur au désastre dans la région de Gaziantep. Une catastrophe qui a coûté la vie à 2.300 personnes, selon un bilan encore largement provisoire et qui intervient dans une zone géographique où la Terre est particulièrement sujette aux soubresauts. 

Ce séisme vient en effet s'ajouter à celui survenu en 2020 et qui avait fortement impacté la ville d'Izmir, située à l'ouest de la Turquie. Et en 1999, une catastrophe similaire avait secoué le nord-ouest du pays, faisant 17.000 victimes, dont un millier à Istanbul. "La Turquie se trouve dans une zone de frontière de plaques composée de grandes failles", explique Pascal Bernard de l'institut du globe de Paris. 

"Le risque de cascades n'est pas à exclure"

Concrètement, la Turquie repose essentiellement sur la plaque anatolienne, coincée entre les plaques africaines et arabiques au sud et la plaque eurasiatique au Nord. "La plaque anatolienne est notamment bordée par une faille à l'est. Celle-ci s'est cassée et a donc engendré le séisme en question", poursuit Pascal Bernard. Une rupture causée par un mouvement coulissant de la plaque arabique par rapport à la plaque anatolienne au niveau de cette faille qui délimite ces deux plaques. 

Et les spécialistes ne peuvent s'empêcher de penser que le phénomène se répétera inévitablement à l'avenir. "À chaque fois qu'une faille casse, le risque de cascades n'est pas à exclure car cela bouscule les failles voisines", fait remarquer Pascal Bernard. Et notamment la faille nord-anatolienne située, comme son nom l'indique, au nord de la Turquie. Une activité sismique trop importante au niveau de cette faille ferait courir un grand danger à Istanbul et ses 15,8 millions d'habitants. De nombreux experts pointent depuis plusieurs années le risque d'un méga-séisme qui pourrait frapper la mégapole turque dans les prochaines décennies. 

Des moyens efficaces pour prévenir le risque ? 

"Comme nous connaissons très bien ces failles, on connaît le risque et on peut prévoir le mouvement du sol en cas de séisme", rassure toutefois Pascal Bernard. Si la science peut donc s'avérer précieuse pour prévenir du mieux possible un telle catastrophe naturelle, une autre condition - et non des moindres - doit être respectée pour limiter les pertes humaines. "Il faut que les bâtiments soient aux normes anti-sismiques ce qui n'était pas le cas pour certaines constructions dans la zone qui a été touchée".

Plus de 2.800 immeubles se sont effondrés ce lundi, selon le gouvernement turc, alors que les nouvelles normes permettent justement d'éviter une telle issue. Le bilan humain devrait donc continuer de s'alourdir dans les prochaines heures alors que la communauté internationale s'est mobilisée pour venir en aide aux personnes sinistrées.