Jean-Yves Le Gall 2:14
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Jonathan Grelier , modifié à
L'Europe, à travers ses industriels et ses astronautes, a un rôle-clé dans le programme américain Artemis ,qui ambitionne d'envoyer de nouveau l'Homme sur la Lune en 2024. "On va séjourner sur la Lune", affirme Jean-Yves Le Gall, ​président du Centre national d'études spatiales, vendredi sur Europe 1.
INTERVIEW

Main dans la main avec les Américains, les Européens travaillent à un retour de l'Homme sur la Lune. Mercredi, l'Agence spatiale européenne a annoncé l'octroi de contrats à des industriels, dont Airbus et Thales Alenia Space, pour participer notamment au programme américain Artemis, qui envisage d'envoyer des astronautes sur le satellite de la Terre en 2024. "Grâce à Artemis, on va séjourner sur la Lune comme aujourd'hui on séjourne dans la Station" spatiale internationale, explique Jean-Yves Le Gall, ​président du Centre national d'études spatiales (Cnes), vendredi sur Europe 1.

"Nous aurons en permanence deux, trois, voire quatre personnes sur la Lune"

"À partir de 2028-2030, c'est demain pour nous, nous aurons en permanence deux, trois, voire quatre personnes sur la Lune, avec des rotations, comme on a aujourd'hui dans la Station (spatiale internationale). Dans ces rotations, il y aura bien sûr des Européens et des Français", poursuit-il. Le projet Artemis comprend aussi le lancement prochain d'une station spatiale orbitant autour de la Lune et qui servira, pour au moins 15 ans, de point d'étape pour les astronautes en route vers cet astre.

Plus de 50 ans après le premier pas de l'Homme sur la Lune, en 1969, le patron du Cnes compare cette nouvelle étape à celle qu'avait représentée l'ouverture de la Station spatiale internationale pour la conquête de l'espace. "Il y a eu les premiers vols habités, avec le vol de Gagarine en 1961 qui avait passé quelques dizaines de minutes dans l'espace, et la suite du vol de Gagarine, c'est la Station spatiale internationale, où il y a aujourd'hui en permanence trois à six astronautes qui sont en orbite. Pour la Lune, ça va être pareil. Armstrong est l'équivalent de Gagarine… On est restés quelques dizaines d'heures sur la Lune." Place désormais au séjour lunaire, donc.

"Faire une sorte de base de départ pour la mission d'après, vers Mars"

Pour y faire quoi ? "On va apprendre à étudier le sol lunaire, parce qu'on n'a pas fait grand-chose… On va notamment regarder si on peut trouver de l'eau", répond Jean-Yves Le Gall. Mais un autre objectif, plus lointain, est aussi dans l'esprit des porteurs du projet. Pour Jean-Yves Le Gall, il s'agit de voir "si à partir de là on peut faire des carburants pour les fusées, de l'habitat, et faire une sorte de base de départ pour la mission d'après, qui sera la mission vers Mars". "Mais déjà, il faut passer par cette étape de l'habitation sur la Lune", tempère-t-il.

Pesquet "qualifié" pour une future mission lunaire, selon Le Gall

Parti du Kazakhstan en 2016 pour une mission de six mois à bord de la Station spatiale internationale (ISS) et revenu en juin 2017, le spationaute français Thomas Pesquet a-t-il une chance de marcher sur la Lune ? "Bien sûr", répond le président du Centre national d'études spatiales Jean-Yves Le Gall, ​vendredi sur Europe 1. "On a raison d'y croire", dit-il.

"Depuis (son vol à bord de l'ISS), en haut de mes objectifs, il y avait de faire revoler Thomas et c'est ce que nous avons fait. Il va revoler, repartir cette fois-ci non pas du Kazakhstan mais de la Floride, en mars-avril, pour passer six mois à bord de la Station, donc un deuxième séjour de six mois à bord de la Station. Il aura très probablement des responsabilités élargies et je dirais que ça le qualifie pour une éventuelle mission lunaire dans la période 2025-2030", affirme Jean-Yves Le Gall.