L'île polynésienne de Marlon Brando transformée en laboratoire contre le Zika

L'île de Tetiaroa en Polynésie, achetée par Marlon Brando dans les années 60.
L'île de Tetiaroa en Polynésie, achetée par Marlon Brando dans les années 60. © GREGORY BOISSY / AFP
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C.C. avec AFP , modifié à
Dans son testament, l'acteur stipule que Tetiaroa doit contribuer à la préservation de l'environnement et à l'étude de la biodiversité.

L'île polynésienne aux eaux turquoises et sable blanc achetée par Marlon Brando dans les années 60 est le coeur d'une expérience prometteuse contre le virus Zika, à l'heure où les scientifiques du monde entier peinent à éradiquer l'épidémie.

Lâcher de moustiques stratégique. Sur l'île de Tetiaroa, le biologiste français Hervé Bossin, chef du service d'entomologie de l'Institut Louis Malardé de Papeete -- la capitale de Tahiti et ses cinq archipels, 118 îles où vivent quelque 285.000 habitants -- a lâché depuis septembre 2015 plus d'un million d'insectes mâles biologiquement modifiés pour devenir porteurs d'une bactérie, la Wolbachia. Quand ces insectes s'accouplent avec les femelles du moustique "tigre" qui transmet le virus du Zika et que l'on trouve à Tetiaroa, "le développement embryonnaire se bloque et les femelles se retrouvent stérilisées". "Leurs nouveaux oeufs ne pourront jamais éclore", a expliqué le chercheur.

Le moustique bientôt éliminé ? L'étude en Polynésie française, financée par 300.000 dollars provenant des gouvernements français et polynésien en plus d'autres entités privées, est particulièrement porteuse d'espoir, parce qu'elle est en voie de parvenir à une "élimination interne" du moustique sur l'île. "Nous avons obtenu une réduction à 1/20ème (des moustiques femelles) par rapport aux anciennes saisons des pluies", qui vont de novembre à mars, souligne Hervé Bossin. Certains critiques s'alarment cependant du manque d'informations sur l'impact de l'éradication du moustique, ou le lâchage d'insectes modifiés en laboratoire sur l'environnement.

Plus besoin d'insecticide. La diminution des moustiques femelles est telle que "plus personne n'utilise dorénavant d'insecticide" dans l'île pour se protéger, fait valoir le biologiste comme preuve du succès de l'expérience. Si les résultats positifs se confirment en juillet, à la fin attendue de l'étude, Hervé Bossin veut transférer sa technologie vers des îles plus grandes comme Tahiti, Moorea ou Bora Bora, plus fréquentées par les touristes, pour qu'elle puisse ensuite être appliquée dans d'autres zones touchées par le virus.