La mission scientifique partie samedi de Lorient est l'une des plus importantes de ces dernières années. 1:25
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Virginie Salmen, avec AFP, édité par Séverine Mermilliod
La goélette scientifique Tara a levé l'ancre samedi avec à son bord des marins et des scientifiques. L'ambitieux objectif : analyser les profondeurs des océans pendant près de deux ans pour comprendre le rôle des micro-organismes dans l'écosystème océanique. C'est l'une des expéditions les plus importantes de ces dernières années.
REPORTAGE

L'une des plus importantes expéditions scientifiques de notre époque est partie samedi du port de Lorient dans le Morbihan. C'est le bateau-laboratoire Tara, une goélette à voile de 36 mètres conçue par l'explorateur Jean-Louis Étienne, qui part explorer l'infiniment petit dans les mers de l'Atlantique Sud, le long des côtes de l'Amérique du Sud, l'Afrique et l'Antarctique. Une mission de près de deux ans pour comprendre les microbes qui peuplent l'eau de mer, essentiels à notre survie. Marins et scientifiques partent, à la voile, parcourir 70.000 km en prélevant, tout au long de leur parcours, des échantillons d'eau grâce à des bouteilles télécommandées depuis le bateau.

Congelés à -80°C

"On envoie les bouteilles dans l'eau, on leur demande de se fermer à des profondeurs bien spécifiques, donc ça peut être à 100m, 200m et ainsi de suite jusqu'à 1.000m", détaille Clémentine Moulin, directrice des opérations. "Ensuite on va filtrer l'eau prélevée dans les bouteilles." L'objectif est de capturer les microbes qui peuplent l'océan. Les échantillons seront congelés à -80°C sur le bateau, puis envoyés en laboratoire à chaque escale.

Un microbiome important pour la santé des océans et de la planète

Ces virus ou bactéries, de moins d'1 mm, sont comparables au microbiote dans l'intestin humain. "Dans le corps humain, on commence à découvrir que le microbiote est extrêmement important pour toutes sortes de maladies. Or dans l'océan, il y a tous ces microbes qui habitent dans les gros organismes (dans une baleine, il y a tout un microbiome !). Et il y a tous ces microbes qui sont à l'état libre", explique le chercheur Colomban de Vargas. "Le microbiome océanique est probablement encore plus important pour la santé de l'océan que le microbiote l'est pour l'homme."

Ces micro-organismes nous fournissent la moitié de l'oxygène chaque jour et nourrissent les poissons, donc plusieurs milliards d'humains. Il est donc urgent de comprendre comment ils réagissent au réchauffement de l'eau et à la pollution plastique. 

Retour en France en 2022

Après le Chili, la goélette longera l'Amérique du Sud jusqu'au canal de Panama, transitera par les Antilles françaises, redescendra le long de l'Amazonie, de l'Argentine, puis mettra le cap sur la mer de Weddell, en Antarctique.
De l'Antarctique, elle remontera en Afrique du Sud en mars 2022, puis longera le continent africain, avec plusieurs escales, avant de rejoindre Lisbonne en septembre 2022 et de rentrer en France.

Au total, quinze marins et 80 chercheurs se relaieront à bord avec 42 institutions scientifiques impliquées dans 13 pays, dont la France, le Chili, le Brésil, l'Italie ou l'Afrique du Sud. Après Tara Océans, Tara Pacific et Tara Microplastiques notamment, Tara Microbiomes est la 12e mission depuis le lancement, en 2003, de ces expéditions par Etienne Bourgois et Agnès b.