Voilà comment on pourrait contrôler nos rêves

La plupart des cobayes affirmaient "s'être vus eux-mêmes de l'extérieur", comme un spectateur qui se regarderait agir "sur un écran", résume la chercheuse.
La plupart des cobayes affirmaient "s'être vus eux-mêmes de l'extérieur", comme un spectateur qui se regarderait agir "sur un écran", résume la chercheuse. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
VOUS NE RÊVEZ PAS - Des scientifiques allemands ont découvert qu'il suffit d'un léger courant pour reprendre la main sur ses rêves.

Va-t-on bientôt pouvoir contrôler nos rêves à notre guise ? L'idée paraît folle et pourtant. Il suffit pour y parvenir d'un léger courant électrique impulsé au bon moment pendant le sommeil, dans certaines zones du cerveau, selon des chercheurs allemands qui en ont fait l'expérience sur des cobayes humains.

Contrôler ses rêves, ça veut dire quoi ? En temps normal, le rêveur n'est pas "lucide" : il ne peut pas anticiper ce qui va se produire. Et surtout, il n'a généralement pas conscience qu'il s'agit seulement d'un rêve et non d'une expérience réelle. Le "rêve lucide", lui, est un état dans lequel le sujet sait qu'il est en train de rêver. Cet état lui permet même parfois d'influencer son rêve en prenant le contrôle de ses actions et de modifier son issue. En mettant en fuite quelqu'un qui le traque par exemple.

15.07 Enfant sommeil

Ces rêves lucides semblent être le fruit du hasard, mais ils pourraient aussi résulter d'un apprentissage, notamment à travers certaines formes de méditation bouddhiste.

L'expérience : de l’électricité dans le cerveau ? Des recherches menées en laboratoire par le passé avaient déjà établi un lien entre les rêves lucides et une certaine forme d'activité électrique dans le cerveau. Ursula Voss, psychologue spécialiste du sommeil à l'Université Goethe de Francfort, et son équipe ont procédé à une série d'expériences sur 27 hommes et femmes pour y voir plus clair.

13.03 Cerveau

© Reuters

Pendant leur phase de "sommeil paradoxal", une phase du sommeil au cours de laquelle les rêves dont on se souvient se produisent et durant laquelle l'activité électrique du cerveau est proche de celle de l'éveil, les chercheurs ont envoyé un faible courant électrique dans les zones frontales et temporales du cerveau, un procédé indolore.

Le résultat : un contrôle des rêves. À leur réveil, la plupart des cobayes affirmaient "s'être vus eux-mêmes de l'extérieur", comme un spectateur qui se regarderait agir "sur un écran", résume la chercheuse. "Ils disaient aussi souvent qu'ils avaient conscience d'être en train de rêver".Et "lorsqu'ils étaient stimulés à une fréquence de 25 Hz [...] ils parvenaient à modifier leurs actions oniriques délibérément".

"Nous avons stimulé le cerveau de manière non intrusive et sommes parvenus à modifier l'état de conscience au sein du rêve. C'est merveilleux car ça nous permettra d'influer sur l'activité cérébrale à l'aide d'une méthode dépourvue d'effets secondaires", estime Ursula Voss.

L'utilité ? Combattre certains troubles. Les chercheurs envisagent déjà d'utiliser cette technique à des fins thérapeutiques. Selon leur étude, publiée dimanche dans la revue Nature Neuroscience, elle pourrait notamment contribuer à remédier à certains symptômes de la schizophrénie ou de troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Provoquer des ondes gamma durant le sommeil paradoxal pourrait également aider les victimes de stress post-traumatique à se débarrasser de leurs cauchemars récurrents, en les plongeant en état de rêve lucide pour qu'ils puissent agir directement sur eux, écrivent les scientifiques.

Faudra-t-il nécessairement se faire accompagner de scientifiques ? Les chercheurs l'assurent : des gadgets ou autres applications permettant d'envoyer la décharge au bon endroit au bon moment ne devrait pas tarder à voir le jour. "Bien que ce ne soit pas quelque chose qui m'intéresse à titre personnel, je suis certaine que ce genre d'objets ne devraient pas tarder à sortir. Mais la stimulation cérébrale doit toujours être effectuée sous l'étroite surveillance d'un médecin!", au moins met en garde Ursula Voss.