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Simon Ruben, édité par Ugo Pascolo avec AFP , modifié à
Réunie mercredi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé de ne pas décréter l'urgence de santé publique internationale concernant le mystérieux virus chinois qui a causé la mort de 25 personnes. Si l'OMS a avancé que la situation n'était pas "une urgence pour le monde", la santé n'est pas la seule raison derrière ce choix. 
ANALYSE

Elle a choisi d'attendre. Réunie jeudi pour étudier le cas du mystérieux virus chinois qui a déjà contaminé près de 600 personnes, l'Organisation mondial de la santé (OMS) a décidé de ne pas déclencher l'urgence de santé publique internationale, un protocole qui permet de mobiliser davantage de chercheurs, de recommander aux États de limiter les échanges commerciaux ou les voyages. Selon l'organisation, l'épidémie n'est pas (encore) assez grave pour déclencher ce lourd processus.

Une mesure rare... 

La première raison qui a poussé le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus a ne pas déclarer "une urgence de santé publique de portée internationale", c'est avant tout parce que le virus n'est pas considéré comme un danger mondial. Même si "c'est une urgence en Chine", tempère-t-il, l'essentiel des cas restent basés dans le pays où il est apparu. "Il faut savoir que c'est extrêmement rare, cela s'est produit pour quatre maladies dans l'Histoire depuis 2009", commente pour sa part au micro d'Europe 1 Gilles Pialoux, infectiologue à l'hôpital parisien Tenon. 

L'urgence sanitaire internationale "correspond à un certain nombre de critères de gravité, de soudaineté. Je pense c'est plutôt ça qui fait reculer l'OMS pour l'instant", avance le spécialiste. D'après lui, l'organisation attend de voir la diffusion hors de Chine, qui, pour l'instant, n'a aucune commune mesure avec ce qu'on avait vu en 2002-2003 avec le Sras au Canada". 

...et très coûteuse pour l'économie mondiale

Au delà de l'aspect santé, il y a aussi une autre raison pour laquelle l'OMS ne veut pas précipiter sa décision : les répercussions économiques. Car décréter cette urgence pénalise mécaniquement l'économie mondiale. "Marchandises, rapatriements sanitaires, transport aérien, contrôles aux frontières... l'épidémie de Sras de 2003 a coûté 57 milliards de dollars [plus de 51,5 milliard d'euros, ndlr]", explique Gilles Piaioux, qui "comprend que l'expertise autour de l'OMS attende un peu de voir". 

Si la santé reste prioritaire pour l'OMS, elle ne peut pas ignorer les conséquences économiques, sociétales et politiques qu'engendrerait une telle décision. Le comité d'urgence de l'OMS va néanmoins de nouveau se réunir ce vendredi et suivre attentivement l'évolution de la situation.