Traitement contre la sclérose en plaques : "Dans 18 mois à deux ans, on aura des réponses"

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Pauline Rouquette
Alors que 4.000 à 5.000 nouveaux cas de sclérose en plaques sont diagnostiqués chaque année, la recherche avance pour trouver un traitement permettant la réparation des lésions causées par cette maladie neuro-dégénérative. Invitée d'Europe 1, jeudi, le Professeur Catherine Lubetzki a affirmé que les études en cours sont "dans une spirale très positive".
INTERVIEW

"En France, on estime qu'il y a environ 110.000 patients atteints de sclérose en plaques", affirme le Professeur Catherine Lubetzki, au micro d'Europe 1. Invitée de l'émission Sans Rendez-vous, jeudi, celle qui dirige le département de neurologie de la Pitié Salpêtrière, à Paris, souligne que chaque année, "entre 4.000 et 5.000 nouveaux cas" sont diagnostiqués. Egalement co-directrice d'une équipe de recherche à l'Institut du cerveau (ICM), la spécialiste se montre optimiste quant aux études menées en vue de découvrir de nouveaux traitements contre cette maladie inflammatoire, "démyélinisante" et neuro-dégénérative qui, lorsqu'elle se déclare, démarre en général autour de 30 ans.

Favoriser la réparation de la myéline

À l'Institut du cerveau, "plusieurs équipes travaillent sur la sclérose en plaques", explique la neurologue. "Dans notre équipe de recherche, on essaie de prévenir l’atteinte dégénérative et de favoriser la réparation de la myéline".

La myéline, c'est cette gaine qui enveloppe les axones (prolongement des neurones), et permet l'accélération de la transmission de l'afflux nerveux. Dans le cas de la sclérose en plaques, des lésions (plaques) apparaissent dans le cerveau et la moelle épinière, détruisant cette myéline. C'est ce qui entraîne le caractère neuro-dégénératif de la maladie et conduit - selon la zone où se situent ces lésions - à des troubles de la vue ou encore à l'installation de handicaps, souvent un trouble de la marche.

Il y a eu de "gros progrès" dans la recherche sur les formes "rémittentes" de la maladie, poursuit le Pr. Catherine Lubtzki. "Ce qui reste difficile, c'est de traiter la phase progressive de la maladie". Il existe, en effet, plusieurs formes de scléroses en plaques. La forme rémittente qui, "dans 75% des cas, évolue sous formes de poussées", avec des phases de rémission ; la forme progressive d'emblée, dans laquelle la maladie ne connait pas de "pauses" et s'accompagne de l'installation de handicaps ; enfin, la forme intermédiaire, qui est développée après 15 ou 20 ans, par certains patients ayant déjà été atteints d'une forme rémittente.

"On est dans une spirale très positive"

Le "challenge thérapeutique actuel" repose sur le traitement de la phase progressive, explique la neurologue, ajoutant que certains médicaments, des immuno-dépresseurs, ont montré "un petit effet" chez certains patients. "Il y a actuellement beaucoup d'essais thérapeutiques en cours pour cibler cette phase progressive de la maladie". À l'ICM comme dans d'autres équipes de recherche à travers le monde, l'enjeu réside dans le "développement de stratégies thérapeutiques et cliniques visant à favoriser la réparation des lésions" qui détruisent la myéline.

"C'est une voie très active", insiste le Pr. Lubetzki, qui évoque entre 12 et 15 essais thérapeutiques "en phase 2", ciblant la remyélinisation. Des études qui, pour certaines, ont déjà montré des résultats prometteurs. "Il est trop tôt pour dire que l'on a un médicament pour ces patients, mais on est vraiment dans une spirale très positive", assure la neurologue. "Je pense que dans 18 mois/deux ans, on aura des réponses", poursuit-elle. "Si ça marche, on passera à la phase 3, qui conduit à la mise à disposition du traitement."