Les substances chimiques libérées dans l'air après avoir consommé une cigarette dans son logement resteraient sur les murs pendant des mois voire des années. 1:34
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Céline Géraud, édité par Laura Laplaud
Selon une étude américaine du Lawrence Berkelley National Laboratory, publiée dans la revue "Environmental Science & Technology", les substances chimiques libérées dans l'air après avoir consommé une cigarette dans son logement resteraient sur les murs pendant des mois voire des années. Elles seraient responsables du développement de 15 types de cancers.

Le tabagisme passif est le fait d’inhaler de façon involontaire la fumée dégagée par les fumeurs. Chaque année, il provoque entre 3.000 et 5.000 décès. Le tabagisme "ultra-passif", qu’on appelle aussi tabagisme tertiaire, est différent. Il s'agit ici d'être exposé aux produits chimiques du tabac qui restent piégés dans votre logement. Selon une récente étude américaine du Lawrence Berkelley National Laboratory, ce phénomène présente un vrai danger pour la santé.

La nicotine peut rester dans l'air pendant des années

Mieux vaut ne pas fumer à l’intérieur. Selon une étude de chercheurs américains, publiée dans la revue Environmental Science & Technology, les substances chimiques libérées dans l'air après avoir consommé une cigarette restent dans la pièce. Elles se fixent aux murs, aux meubles, aux coussins, aux vêtements mais aussi aux cheveux ou à la peau.

Pendant des mois, voire des années, la nicotine et les 4.800 produits toxiques présents dans la fumée continueront à polluer l’atmosphère du logement ou de la voiture.

"La nicotine rentre en contact avec l'acide nitreux qui est un composé, lié à la combustion de la cigarette", explique la tabacologue, Alice Denoize. "C’est ce qu’on appelle le dégagement gazeux et cela créée des molécules appelées nitrosamines, qui s’avèrent être cancérigènes."

Un constat alarmant

Ces nitrosamines, spécifiques au tabac, sont des cancérogènes connues, identifiables par l’odeur du tabac froid qui subsiste pendant quelques heures après avoir fumé avant de s’installer durablement sur les surfaces, dans les tissus des appartements.

Un constat alarmant qui vient en complément d’une autre étude américaine, publiée en 2020. D’après ces chercheurs de l’Université de Yale, la quantité de composés toxiques qui s’accroche aux fumeurs, sur leur peau et leurs vêtements, est équivalente au contact d’une à dix cigarettes pour ceux qui les côtoient.

Ces substances contribueraient au développement de plus de 15 types de cancers

Pour limiter ce tabagisme tertiaire, un nettoyage régulier des surfaces contaminées est indispensable, du bon sens aussi. "Il faut par exemple ne pas fumer à la fenêtre, parce que, c’est prouvé, les particules toxiques rentrent quand même", ajoute Alice Denoize. "Il ne faut pas non plus devenir un Ayatollah de l’hygiène, à partir du moment où vous fumez dehors et que vous ne restez pas statique dans le nuage de votre propre fumée, on limite en partie les risques de contamination."

En attendant, le contact direct ou indirect avec ces substances contribuerait au développement de plus de 15 types de cancers. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la cigarette cause plus de huit millions de décès chaque année.