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Delphine Schiltz / Crédits photo : KATERYNA KON / SCIENCE PHOTO LIBRA / KKO / Science Photo Library via AFP , modifié à
La résistance aux antibiotiques pourrait faire jusqu’à dix millions de victimes par an d'ici à 2050 et coûter jusqu’à 100.000 milliards de dollars à l’économie mondiale. Les laboratoires du monde entier sont mobilisés pour trouver de nouveaux traitements et une équipe de chercheurs internationale vient de découvrir un nouvel antibiotique : la clovibactine.

La résistance aux antibiotiques, un fléau mondial. Elle pourrait faire jusqu’à dix millions de victimes par an d'ici à 2050 et coûter jusqu’à 100.000 milliards de dollars à l’économie mondiale. Mais des chercheurs ont découvert un nouvel antibiotique dans une bactérie présente dans le sol, contrairement aux antibiotiques traditionnels. Sa force de frappe est originale. La clovibactine attaque les bactéries à trois endroits différents, alors que la plupart des antibiotiques n'ont qu'une cible. Or, plus il y a de cibles, plus les bactéries ont du mal à résister. 

Efficace contre le staphylocoque doré

Les chercheurs de l’équipe de Markus Weingarth, biochimiste à l'université d'Utrecht aux Pays-Bas, ont découvert un antibiotique au profil innovant : la clovibactine. Elle pourrait tuer des bactéries multirésistantes. "Nous avons un besoin urgent de nouveaux antibiotiques pour lutter contre les bactéries qui deviennent de plus en plus résistantes à la plupart des antibiotiques utilisés en clinique", explique le Docteur Markus Weingarth, chercheur au département de chimie de l'université d'Utrecht.

"Cette situation implique que certains patients se retrouvent en impasse thérapeutique, car il n’y a plus d’options de traitement à leur proposer contre leur infection. Il s’agit donc d’un problème de santé publique majeur, qui est associé à 700.000 décès chaque année à travers le monde, dont environ 25.000 en Europe", peut-on lire sur le site de l’INSERM.

Découverte dans le sol : un nouveau réservoir intéressant

Les chercheurs ont découvert ce nouvel antibiotique dans une bactérie présente dans le sol, isolée d’un échantillon de terre. "La terre, ça se trouve partout. C’est donc une piste intéressante pour aller chercher de nouvelles sources de molécules antibiotiques", souligne France Roblot, cheffe du service des maladies infectieuses au CHU de Poitiers.

La plupart des antibiotiques sont fabriqués à partir de bactéries présentes à l’état naturel, très souvent des champignons. Cependant, 99% des bactéries existantes ne sont pas cultivables en laboratoire : il est très compliqué de les maintenir en vie pour les exploiter afin de produire de nouveaux remèdes. Ici, une technologie de pointe a permis la découverte de la clovibactine.

Un mode d’action différent

Contrairement aux antibiotiques traditionnels, sa force de frappe est originale. La plupart des anti-infectieux font éclater la bactérie pour la tuer. La clovibactine, elle, empêche les pathogènes de fabriquer "le bouclier" qui les protège. Par ailleurs, elle attaque les bactéries à trois endroits différents, alors que la plupart des antibiotiques n’ont qu’une cible. Or, plus il y a de cibles, plus les bactéries ont du mal à résister.

Efficace contre le staphylocoque doré

À ce titre, les tests menés par l'équipe de Markus Weingarth, principal auteur de l'étude, ont été très concluants. "Pour tester le développement de résistances, on utilise une bactérie. On expose cette bactérie à une concentration de l'antibiotique qui dérange la bactérie, mais qui ne la tue pas. Du coup, la bactérie, pendant plusieurs semaines, a essayé de développer des résistances et pour la clovibactine, on n’a pas découvert de résistances", a déclaré le biochimiste au micro d’Europe 1.

Pour le moment testé sur la souris, l’antibiotique a été capable d’éliminer le fameux staphylocoque doré. L’une des principales causes d’infection dans les hôpitaux. Dans ces tests, la molécule ne semble pas avoir d’effets indésirables. Prochaines étapes : tests de toxicité et d’efficacité chez l’homme. Si tout est concluant, les chercheurs espèrent une mise sur le marché d’ici 10 ans.