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Justin Morin et Zoé Pallier, édité par Margaux Lannuzel , modifié à
Un rapport parlementaire, remis mercredi, recommande au gouvernement d'autoriser la production naturelle de CBD, une molécule contenue dans la plante de cannabis, sans effet psychotrope et qui peut soigner différentes pathologies. Les réseaux de distribution existent, mais des craintes demeurent du côté de la Haute autorité de santé. 
DÉCRYPTAGE

Avez-vous remarqué la multiplication des "coffee shop" à la française, qui proposent des produits "bien-être" à base de CBD ? Le marché dérivé de cette molécule, contenue dans la plante du cannabis, est en pleine expansion et pourrait rapporter gros. Sauf qu'en France, il est pour l'instant limité par une réglementation frileuse, comme le pointe un rapport parlementaire remis mercredi. Europe 1 fait le point. 

Des producteurs "dans les starting-blocks"

Première précision : le CBD ne doit pas être confondu avec le THC, une autre molécule du cannabis, qui a un effet psychotrope. Il est utilisé dans des tisanes, par exemple, pour un effet de relaxation musculaire, ou pour soulager des pathologies comme l'arthrose ou les insomnies. Sa vente est légale sous conditions - contrairement au THC. 

Mais aujourd'hui, la molécule est exclusivement produite en laboratoire en France, ou alors ses fleurs sont importées de l'étranger. Et l'Hexagone passe donc à côté d'un marché considérable. C'est pour cela que les parlementaires recommandent au gouvernement d'autoriser la production naturelle de CBD, aujourd'hui interdite en France. Car selon leur rapport, la filière, de sa production dans les champs français à sa transformation, représenterait un à trois milliards d'euros, avec des milliers d'emplois à la clé. 

"La production est prête, les producteurs sont dans les starting-blocks", explique à Europe 1 Jean-Baptiste Moreau, rapporteur du texte - et député LREM de la Creuse qui a beaucoup a gagner avec le CBD. "La France est l'un des derniers pays européens à ne pas avoir bougé. C’est totalement incompréhensible puisque c’est reconnu officiellement par l’OMS : le CBD n’est pas une drogue", souligne le parlementaire. "On attend juste le feu vert de l’administration, c’est tout." Alors, pourquoi la situation n'évolue-t-elle pas ? Tout simplement parce qu’il y a toujours une crainte du côté de la Haute autorité de santé, qui estime qu'autoriser officiellement le CBD reviendrait à envoyer un mauvais signal aux consommateurs de cannabis récréatif. 

Entre 300 et 400 magasins en France

Pourtant, les producteurs ne sont pas les seuls à être prêts : le réseau de distribution l'est aussi,  avec entre 300 et 400 magasins en France. Europe 1 s'est ainsi rendue dans une boutique de CBD ouverte il y a deux mois à Paris. "Je le vaporise et je fais parfois des infusions", confie Clément, qui y achète chaque semaine 1 à 5 grammes de fleurs, en provenance du Luxembourg. "Je le prends surtout pour l’effet anxiolytique, ça m’aide à dormir, ça m’aide un petit peu à réfléchir", nous explique-t-il. Infusions, huiles, crèmes pour les mains, barres chocolatées : il y en a pour tous les goûts… et tous les âges. Parmi les habitués, on croise aussi une femme de 70 ans, venue acheter quatre paquets de tisane pour ses amies.

" Les gens font de moins en moins l'amalgame avec le cannabis "

"Les gens font de moins de moins en moins l’amalgame avec le cannabis" se félicite Brice Masseixe, gérant de la chaîne Purple Store. "Depuis début septembre, on est à +30% de chiffre d'affaires par mois. Ça se développe très rapidement, j’ai tous les jours des gens qui m’appellent pour savoir comment ils peuvent ouvrir une franchise ou exploiter le concept."

Face à un tel succès, certains buralistes proposent désormais eux aussi des fleurs de CBD. Tandis que d’autres préfèrent attendre qu’il n’y ait plus aucun doute sur sa légalité. Car ceux qui en vendent déjà s’appuient pour l'instant sur une décision de la justice européenne, qui date de novembre dernier. Dans son arrêté, elle rappelle que le CBD n’est pas une drogue, et que ses fleurs doivent être librement commercialisées. L’Etat français va donc bien devoir se mettre en conformité avec le droit européen.