Pilule : "On ne peut pas jeter l’hallali sur une méthode qui a libéré les femmes"

Les Françaises prennent de moins en moins la pilule.
Les Françaises prennent de moins en moins la pilule. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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J.R.
Philippe Bouchard, membre de l’Académie de médecine, estime que la baisse de la prise de la pilule chez les femmes est "déraisonnable". 

La désaffection des Françaises à l’égard de la pilule inquiète Philippe Bouchard, membre de l’Académie de médecine. "On ne peut pas jeter l’hallali sur une méthode qui a libéré les femmes. La contraception hormonale est probablement l’un des deux plus grands progrès de la médecine", a déclaré l’endocrinologue, interrogé lundi soir sur Europe 1. Les femmes ont en effet de moins en moins recours à la pilule (45% des femmes en 2010 contre 36,8% en 2016), selon un baromètre de l’agence sanitaire Santé publique France.

"Les complications liées à la pilule ont été exagérées". "La pilule ne règle certes pas tous les problèmes, elle ne protège pas des maladies sexuellement transmissibles. Mais les complications liées à la prise de la pilule ont cependant été exagérées", a estimé Philippe Bouchard. "La pilule augmente le risque de phlébite de trois à six fois, mais on ne peut pas jeter l’hallali sur une méthode qui a libéré les femmes, qui a fait sa preuve d’efficacité et de non-nocivité à condition d’éliminer de la prescription les femmes qui sont 'à risque'."

"La pilule a toute sa place". L’endocrinologue a également expliqué les motivations qui poussent les femmes à se détourner de la pilule. "Beaucoup de femmes pensent qu’elles n’en ont pas besoin parce qu’elles ont des rapports épisodiques. Certaines femmes ont entendu parler des risques de phlébite et en ont peur. Et aussi parce que prendre une pilule à heure fixe tous les jours est une contrainte", a analysé Philippe Bouchard, avant de défendre la contraception hormonale.

"Elles se tournent à juste titre vers les contraceptions longue durée. Ce sont les stérilets, les implants, mais ces méthodes ont des avantages et des inconvénients. La pilule a toute sa place à condition d’informer les femmes et que les médecins leur présentent toutes les méthodes disponibles."