La France a suspendu l'utilisation du vaccin AstraZeneca. Photo d'illustration. 1:26
  • Copié
Joanna Chabas et Yasmina Kattou, édité par Antoine Terrel
Après l'annonce de la suspension du vaccin AstraZeneca, de nombreux pharmaciens qui avaient procédé à de premières injections et pris des rendez-vous pour les prochaines semaines sont contraints de se réorganiser. Et si les patients prennent plutôt bien la nouvelle, certains professionnels s'inquiètent des doutes que cette décision peut engendrer. 

La décision vient à nouveau ralentir une campagne de vaccination pourtant cruciale contre le Covid-19. Lundi, comme six autres pays européens, la France a annoncé la suspension de la vaccination avec AstraZeneca, en raison de l'inquiétude autour de possibles effets secondaires, et en attendant un avis de l'Agence européenne des médicaments (EMA). Sur le terrain, cette suspension oblige les pharmaciens à se réorganiser, alors que certains d'entre eux avaient déjà entamé les injections et planifié plusieurs rendez-vous pour les prochaines semaines. 

"On ne sait pas trop où on va"

"On avait planifié pour qu'on puisse correctement s'organiser afin de pouvoir lancer cette fameuse campagne de vaccination. Et là, une fois de plus, à quelques heures près, on se voit annuler tout ce qui concerne la vaccination. C'est terrible pour tout le monde, c'est épuisant pour nous", déplore sur Europe 1 Laurent Halwani, pharmacien. Ce dernier devait injecter dix doses, mercredi, dans son officine parisienne. "On a déjà un planning avec le nom du patient, le prénom, l'âge, le numéro de téléphone. Là, il va falloir qu'on les rappelle tous un par un, en sachant qu'ils se sont déplacés, qu'on les a mis en priorité. Ce n'est pas évident."

Pour ce professionnel, le problème n'est pas tant la suspension par précaution du vaccin que son potentiel impact dans l'opinion, alors que le vaccin Astrazeneca avait déjà suscité des craintes, notamment sur son efficacité chez les personnes âgées et de possibles effets secondaires chez les plus jeunes. "On n'est pas à quelques heures près, mais l'idée de laisser entendre que le vaccin est suspendu, cela crée encore plus de doute, que ce soit pour les médecins, les pharmaciens et surtout pour le patient", s'inquiète-t-il. Et de conclure : "On est tous désorientés. On ne sait pas trop où on va, finalement". 

"Les gens ont pris la nouvelle correctement"

Pharmacien à Boulogne-Billancourt, Clément Bourbigot, lui, n'a pas encore prévenu les patients dont les premiers rendez-vous sont prévus la semaine prochaine. "On attend d'avoir un peu plus de précisions", indique-t-il. En revanche, les personnes déjà vaccinées ont elles bien été rappelées. "Les gens ont pris la nouvelle correctement", assure Clément Bourbigot. "Ils disent que c'est quelque chose de politique, parce qu'ils ne comprennent pas très bien pourquoi en Angleterre, il y a 25 millions de personnes qui ont été vaccinées et il ne se passe rien du tout, alors que dans les autres pays, il y a effectivement quelques cas."

Selon lui, les patients digèrent plutôt bien cette annonce. "Ils prennent ça avec philosophie pour le moment, avec un peu de distance", explique le pharmacien. "Personne n'a été particulièrement inquiet. Ils attendent dans les jours qui suivent."