Salaires à l'hôpital : les soignants réclament des chiffres

Les soignants se mobilisent à nouveau, trois mois après le début de la crise, pour demander une revalorisation salariale. Ici, à Paris.
Les soignants se mobilisent à nouveau, trois mois après le début de la crise, pour demander une revalorisation salariale. Ici, à Paris. © Alain JOCARD / AFP
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Séverine Mermilliod , modifié à
Les soignants sont de retour dans la rue en France, trois mois après le début de la crise sanitaire. Ils réclament plus de moyens et une revalorisation salariale. Sophie Crozier, neurologue à la Pitié Salpêtrière et représentante du Collectif Inter-Hôpitaux, était sur Europe 1 pour en parler.
INTERVIEW

A mi-chemin du "Ségur de la santé" lancé par le ministère, censé améliorer les salaires et les perspectives d'évolution des métiers sanitaires, les soignants sont de nouveau dans la rue mardi pour mettre une "pression" sur le gouvernement et obtenir un plan chiffré, comme l'explique au micro d'Europe 1 Sophie Crozier neurologue à la Pitié Salpêtrière et représentante du Collectif Inter-Hôpitaux.

"Une revalorisation rapide des salaires"

Le "Ségur de la santé" voulu par Olivier Véran doit aboutir d'ici la mi-juillet à une revalorisation généralisée des salaires, mais pour le moment, aucun chiffre n'est annoncé. "Depuis maintenant dix ans, des plans d’austérité successifs ont conduit les hôpitaux dans une situation assez catastrophique, sur laquelle on alerte depuis un an maintenant avec le collectif inter-hôpitaux. On a des problèmes majeurs de recrutement de personnel et des lits fermés faute de personnel", rappelle Sophie Crozier.

Or, poursuit-elle, tout le monde a vu pendant la crise du coronavirus "que bien soigner, c’était avoir du personnel au lit des patients". Pour cela une seule solution, selon elle : "une revalorisation très rapide des salaires pour qu’on ait une attractivité de tous les métiers et en particulier des bas salaires."

"On ne voit rien venir"

Les mesures proposées jusqu'ici sont très insuffisantes, assure-t-elle. Car "si on estime une revalorisation salariale pour arriver à la moyenne de l’OCDE, pour certaines catégories de personnel, c’est plusieurs milliards. Donc les 10, 75, 100 millions promis jusque-là, ce n'est pas suffisant."

Quant au Ségur, il semble à Sophie Crozier aberrant qu'il n'y ait toujours pas "de plan chiffré annoncé. Il y a une exaspération de l’ensemble du corps hospitalier sur cette absence de mesure chiffrée. Il y en a eu pour tout le reste, l'aéronautique, les entreprises,... et rien pour l'hôpital. Il y a sans doute une vraie volonté, mais nous on ne voit rien venir". Or dit-elle, "tout le monde est d’accord sur cette revalorisation salariale".

La mobilisation de mardi est donc le moyen de mettre un peu de "pression" pour accélérer les choses. "Toutes ces mesures n’ont qu’un seul but : améliorer l’accueil des patients. On veut pouvoir faire notre métier avec des moyens adaptés, dans des conditions acceptables", conclut la représentante du Collectif Inter-Hôpitaux.