Le Mediator, pouvant provoquer de l’hypertension artérielle et des valvulopathies, n'a été retiré du marché qu'en novembre 2009. 2:21
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Gwladys Laffitte édité par Léa Leostic , modifié à
Les laboratoires Servier ont été reconnus coupables lundi dans l’affaire du Mediator et ont été condamnés à 2,7 millions d’euros d’amende. Pour l’avocat de plus de 2.000 parties civiles, c’est un soulagement, même si les peines et sanctions pénales sont modérées. Ce qui provoque un sentiment mitigé chez les victimes.

C'est la fin d'un très long combat judiciaire. Les laboratoires Servier ont été reconnus coupables lundi de "tromperie aggravée", "homicides" et "blessures involontaires" et condamnés à 2,7 millions d'euros d'amende dans le scandale du Mediator, un antidiabétique détourné comme coupe-faim et commercialisé pendant plus de 30 ans, malgré sa toxicité. L'Agence nationale de sécurité du médicament devra elle s'acquitter de plus de 300.000 euros d’amende. C’est donc l'épilogue du procès du Mediator, médicament tenu pour responsable de centaines de décès.

"Le temps est à la satisfaction de la condamnation"

"C'est un soulagement pour toutes les victimes. Le laboratoire a été reconnu responsable et a été condamné. Je suis extrêmement heureux de ce long parcours qui a abouti à une condamnation", a réagi maître Jean-Christophe Coubris, l'avocat de plus de 2.000 parties civiles, au micro d’Europe 1. "La sanction d'un laboratoire, c'est déjà important. Les sommes qui ont été allouées, même si elles ne sont pas aussi élevées que ce que l'on souhaiterait, sont cohérentes. Aujourd'hui, le temps est à la satisfaction de la condamnation, même si les peines et les sanctions pénales sont aussi modérées. Mais c'est peut être ça aussi une justice modérée. Cela a un sens et c'est à nous de faire passer ce message auprès des victimes. Le combat est tellement difficile", a-t-il développé.

Des mots durs et sans ambiguïté du tribunal contre les laboratoires Servier

Pour les victimes et leurs familles, le sentiment est plus mitigé, entre soulagement et déception. Pourtant, le tribunal a eu des mots durs et sans ambiguïté contre les laboratoires Servier, qui ont commis "une fraude d'une ampleur considérable et inédite". "Ils ont fragilisé la confiance dans le système de santé parce qu'ils connaissaient les risques du Mediator depuis de très nombreuses années. Et pourtant, les laboratoires Servier ont maintenu sa commercialisation envers et contre tout", a dit la présidente. "Résultat : ils ont trompé les consommateurs de ce médicament", a-t-elle continué.

Les mots ont aussi été durs envers l'Agence du médicament, qui n'a pas joué son rôle de police sanitaire. Sa directrice, Christelle Ratignier-Carbonneil, a pris acte de ce jugement : "Tout a été bien jugé et nous avons concouru à la manifestation de la vérité et afin de pouvoir assumer notre responsabilité d'établissements publics. La loi de 2011 a créé une agence qui est différente pour, qu'en effet, un tel drame ne puisse se reproduire", a-t-elle déclaré à Europe 1.

Hormis ces condamnations à des amendes pénales, les laboratoires Servier vont devoir verser plus de 180 millions d'euros d'indemnisation aux victimes, tout comme l'ex-bras droit de Jacques Servier, qui devra lui aussi payer des millions d'euros aux parties civiles. Il a été condamné à quatre ans de prison avec sursis.