Eric Caumes 1:00
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Margaux Baralon , modifié à
Le professeur Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, estime que l'immunité naturelle, mais surtout vaccinale, va permettre progressivement de se protéger collectivement du Covid-19. Il était l'invité de Sonia Mabrouk lundi.
INTERVIEW

Le voilà "serein" mais prudent tout de même. Interrogé dans Europe Matin lundi, le professeur Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, s'est dit persuadé que la population française parviendrait à atteindre l'immunité collective contre le coronavirus. "L'option zéro-Covid était une chimère", assure-t-il. Mais l'immunité collective, "on s'en rapproche". "On va y arriver, on finir par s'immuniser collectivement."

"En matière de vaccin, ce n'est pas magique"

Par quels moyens ? D'abord, la vaccination. Le professeur Eric Caumes rappelle que celle-ci est essentielle, notamment pour les personnes à risque. Certes, "c'est une petite déception" que le vaccin soit moins efficace contre le variant delta du Covid-19, "mais on sait qu'en matière de vaccin, ce n'est pas magique. On ne s'est débarrassé d'aucune maladie infectieuse grâce à un vaccin, sauf la variole. Il va falloir plusieurs injections", prévient le spécialiste, qui estime que la troisième dose sera "indispensable". 

"On se réinfectera a minima"

Ensuite, l'immunité naturelle fera également son œuvre, bien qu'elle rencontre les mêmes difficultés que le vaccin, à savoir une moindre efficacité face à de potentiels variants. "On arrivera à l’immunité une fois qu’on aura rencontré le virus sous forme de ses différents variants quelques fois", résume Eric Caumes. Alors, "on se réinfectera a minima avec des formes bénignes".

Seule petite ombre au tableau : "il y a une possibilité que laisser circuler le virus dans une population à moitié ou mal vaccinée induise l'apparition de mutants qui contournent l'immunité". Autrement dit, profitant d'organismes mal protégés, le coronavirus circulerait plus, avec plus de chance de muter. "C'est possible, mais pour l'instant, ce n'est pas démontré", conclut Eric Caumes.

Dans tous les cas, le spécialiste salue l'instauration du pass sanitaire, qui résulte selon lui d'une "décision courageuse" et "très utile". "Le taux de vaccination a augmenté de façon importante" après l'annonce du pass sanitaire obligatoire pour accéder à de nombreux endroits accueillant du public. "C'est un véritable geste de santé publique."