Le nombre de passages aux Urgences est passé de 130 à 40 personnes par jour. 1:32
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Théo Maneval, édité par Séverine Mermilliod
L'hôpital de Creil, dans l'Oise, qui a vu passer l'un des patients décédé à Paris du Covid-19, a dû fermer son service de réanimation depuis le début de la semaine, en raison de la mise en quatorzaine de presque tout le personnel qui y travaillait. Depuis, les patients désertent l'établissement...
REPORTAGE

La France a atteint les 100 cas de nouveau coronavirus, qui se propage partout dans le monde. Principal "foyer" dans l'hexagone, le département de l'Oise en compte 36, dont l'un, ensuite décédé, est passé par l'hôpital de Creil. L'établissement a dû fermer son service de réanimation depuis le début de la semaine, car tout le personnel qui y travaillait ou presque a dû être mis en quatorzaine, et les autres services qui s'attendaient à être débordés ne le sont en fait pas du tout : les patients ont déserté l'hôpital, au risque de ne plus voir de médecin.

 

130 à 40 personnes par jour

"Le parking de l'hôpital est entièrement vide, je n'ai jamais connu ça", constate Philippe, qui vient de poser son fils aux Urgences et qui n'en revient pas. Après le parking, c'est la salle d’attente de l'hôpital de Creil, qui, elle non plus, n’a jamais semblée aussi déserte. "Il y a trois patients devant, donc ça va super vite. Il a déjà été pris, en moins de 10 minutes."

Le nombre de passages aux Urgences ici est passé de 130 à 40 personnes par jour depuis le début de la semaine, pas à cause d'un manque de soignants, mais bien parce que les patients ont peur de venir ici après le confinement d'un autre service, la réanimation.

"J'avais mal à l'oreille, je devais y aller, mais je ne suis pas partie quand même parce que c'est mieux de prendre des précautions !", confie ainsi Gaëlle. "Un patient qui a été contaminé là-bas a été transféré à Paris..."

Un afflux de patients à venir ?

Ce qui inquiète le docteur Loïc Pen, chef des Urgences de Creil, c'est que ces patients qui ne viennent plus ne se sont pas reportés sur les hôpitaux voisins, peut-être au détriment de leur santé. "On a une perte de gens qui ne consultent plus du tout. C'est pratique pour les équipes qui soufflent un peu", explique-t-il, "mais pas très rassurant parce qu'il n'y a pas par jour 60 patients qui ne mériteraient pas de venir aux urgences."

D'où la crainte pour les soignants de devoir faire face à un afflux soudain de patients, dans un service en tension, dans les semaines qui viennent.