Le confinement peut avoir des conséquences sur la libido. Photo d'illustration. 6:04
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Catherine Blanc
Par peur d'attraper le coronavirus, le compagnon d'Alice ne veut plus faire l'amour avec elle, et souhaite même faire chambre à part. Pour la sexologue Catherine Blanc, cette attitude pourrait en réalité cacher une angoisse plus profonde, qu'il convient d'aborder par la discussion au sein du couple. 

Le confinement peut-il avoir une influence sur notre libido ? Alors que l'épidémie de coronavirus a obligé des millions de Français à restreindre au maximum leurs déplacements et leurs interactions sociales, les rythmes de vie des couples ont également dû évoluer. Et cette promiscuité exacerbée, tout comme la peur de la maladie, peuvent avoir des conséquences sur la sexualité des deux partenaires. C'est le cas d'Alice, 36 ans, dont le conjoint ne veut plus faire l'amour par peur d'être potentiellement contaminé. Vendredi, dans "Sans rendez-vous", sur Europe 1, la sexologue Catherine Blanc a livré quelques conseils pour régler ce problème. 

La question d'Alice, 36 ans

Depuis quelques jours, mon compagnon ne veut plus faire l'amour par peur du coronavirus. Il préfère même dormir sur le canapé. Je trouve cela exagéré. Qu'en pensez-vous ? 

La réponse de Catherine Blanc

Cette attitude du partenaire d'Alice permet de mettre en évidence les défiances que l'on peut avoir les uns envers les autres. Cette peur du virus peut être une bonne excuse pour se mettre à bonne distance de son conjoint quand on ne sait pas faire tenir les bonnes distances respectables en temps normal, et qu'on a le sentiment d'être étouffé par l'autre. C'est peut-être ce qu'il se passe dans le cas de ce couple. 

Ce couple n'aime vraisemblablement pas follement faire l'amour au quotidien, en tout cas pas avec un désir réciproque, mais avec sans doute un déséquilibre dans leur désir l'un envers l'autre. L'un peut être très en demande, et cela peut donner à l'autre un sentiment d'être comme mangé par ce désir vorace. Or, dans le cas du confinement, comme il n'y a pas de possibilité d'échappatoire comme aller voir des amis, aller travailler, on est à la merci de l'autre qui attend peut-être sexuellement beaucoup. Et l'angoisse d'être étouffé par l'autre va être d'autant plus grande que le coronavirus donne une idée de contamination possible. Ce ne sont que des constructions psychiques, mais cela donne une occasion de raconter sa défiance, sa peur de l'autre, et son besoin de mettre de la distance. 

L'importance du dialogue

Pour Alice, plutôt que de vouloir absolument dire à son conjoint de revenir dans le lit conjugal, ce qui ne servirait à rien, il faut plutôt se dire que le sujet n'est peut-être pas la sexualité, mais se trouve ailleurs, et qu'il a des conséquences sur la sexualité. Cela peut donc être l'occasion de poser la question à son partenaire : "Est ce que tu te sens envahi par moi, et est-ce que le confinement le met en évidence ? Es-tu sûr que c'est moi qui t'envahit ou est-ce autre chose ?" Car cela peut être son angoisse qui l'envahit et qu'il projette ensuite sur sa compagne, avant de la fuir. 

Dans ces moments de désordre au sein du couple, où on ne parle pas la même langue, il faut se dire qu'autre chose se cache derrière le problème annoncé, quitte à laisser le sujet de la sexualité sur le côté. Enfin, il ne faut pas nier que, dans les périodes de confinement, le système nerveux est mis à rude épreuve. Il y a potentiellement quelque chose qui ressurgit de l'ordre de la déprime. Il faut donc se parler. 

Si les deux amoureux décident de ne pas dormir ensemble pendant quelques jours ou semaines, cela peut-il rendre difficile un retour dans le lit conjugal ? Il est évident qu'on ne dort jamais aussi bien que tout seul. Mais ce n'est pas parce qu'on s'accoutume à dormir seul qu'on ne va pas prendre du plaisir à repartager nos nuits, même en étant un peu dérangé. Souvenons-nous de nos premières nuits avec notre partenaire. Ce n'étaient pas des nuits lors desquelles on dormait du sommeil du juste, mais des nuits compliquées où l'on dormait à moitié, souvent par peur de déranger l'autre.