LA QUESTION SEXO - J'ai menti à mon mari pour passer un week-end seule, dois-je le lui dire ?

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Catherine Blanc
Dans l'émission "Sans rendez-vous" vendredi sur Europe 1, Catherine Blanc répond à une auditrice, Brigitte, qui raconte avoir menti à son mari pour passer un week-end seule, sans leurs enfants, afin de décompresser. Pour la sexologue et psychanalyste, Brigitte doit surtout essayer de se créer des espaces de tranquillité pour elle dans son quotidien.

Les mensonges peuvent-ils être acceptables au sein d'un couple ? Dans l’émission Sans rendez-vous vendredi sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à la question de Brigitte qui se demande comment dire à son mari qu'elle lui a menti concernant un week-end où elle est partie seule pour décompresser. Elle lui avait affirmé qu'elle s'absentait pour son travail.

La question de Brigitte

"J'ai une petite question un peu délicate. J'ai menti à mon mari en lui disant que je devais partir en week-end pour mon travail. En fin de compte, je suis partie seule, j'avais vraiment besoin de décompresser car j'étais vraiment très fatiguée. Je suis partie sans mes enfants et je n'ai finalement pas vraiment profité de mon week-end. Je me suis sentie coupable par rapport à cette situation. Que me conseillez-vous et comment puis-je aborder le sujet avec mon mari ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Avant d'en parler à son mari, déjà, ce qui est intéressant, c'est que le mensonge est l'expression d'un besoin de liberté. Nos enfants font ça : ils nous disent qu'ils vont faire des choses et ils font autre chose. Pas tellement parce qu'ils ont peur qu'on leur dise non mais parce qu'ils ont besoin de se prouver qu'ils peuvent s'appartenir. Là, elle est partie comme une enfant, parce qu'elle n'arrive tout simplement pas à dire 'je vais prendre l'air, je vais me détendre, il faut que je me repose, j'ai besoin de dormir et j'ai besoin qu'on ne me sollicite pas'.

Au lieu de s'accorder du temps, elle l'a fait comme une enfant mais elle s'est retrouvée aussi comme une enfant, c'est-à-dire coupable. Donc le but désormais pour elle, ce n'est pas d'aller voir son mari pour avouer son méfait, ce qui serait encore une façon de venir chercher une punition.

Elle n'a trompé personne, donc ce n'est pas bien grave non ?

On voit bien que c'est une tromperie pour elle, dans la mesure où elle appartient à l'autre. Cela en dit long sur ce qu'elle subit. Bien sûr, c'est lourd de vivre avec une famille, ses enfants, la sollicitation des uns et des autres... Mais on voit bien qu'elle une difficulté de s'appartenir. Sinon, elle pourrait dire 'stop, non, va demander à ton père', ce qui serait une sorte de possibilité de s'accorder une bulle de sécurité individuelle. Elle n'arrive pour le moment pas à le faire donc elle l'a fait par le biais du secret pour finalement ne même pas se reposer.

Comment peut-elle faire la prochaine fois pour y aller et en profiter ?

Elle dira tout simplement : 'Je suis vraiment fatiguée, j'ai besoin de prendre l'air, je vais me prendre un week-end, chéri occupe-toi des enfants, ça me fera le plus grand bien.' S'il lui répond : 'Mais comment ça tu vas partir ? Avec qui pars-tu et où ? Elle peut dire : 'Ecoute, arrête, je pars pour me reposer et arrêtons de croire que je sois toujours à répondre aux désirs de quelqu'un qui serait maintenant un amant.'

Il faut pouvoir dire les choses. Après, s'il a envie de poster des détectives privés pour la surveiller, ça en dit long sur leur relation. Ça n'existe pas qu'on soit 24h/24 avec la même énergie, la même disponibilité. Mais avant de partir en week-end, il faut se dire 'si j'en suis là, c'est qu'il y a des espaces que je n'arrive pas à créer dans le cadre de ma relation'. Et c'est d'abord dans ce cadre qu'il faut les créer.

Son conjoint ressent peut-être exactement la même chose ?

Les hommes s'accordent plus volontiers des moments pour eux parce qu'ils partent souvent entre amis. Ils vont faire un truc sportif par exemple, ce que les femmes s'accordent moins. Encore une fois, Brigitte doit d'abord trouver des espaces au sein de sa famille. Le cas échéant, elle peut repartir en week-end si c'est un moyen d'avoir un espace à pour elle. On ne doit pas être mangés par les autres, que ce soit physiquement ou sexuellement, ni par les enfants, ni par le travail... Au contraire, il y a des moments où on a besoin de s'appartenir, et cela peut être pendant une heure en journée, sans que ce soit nécessairement un week-end complet."