Il peut parfois être difficile d'aborder ses fantasmes avec son partenaire. 5:12
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Catherine Blanc
Jeudi, dans "Sans rendez-vous", Catherine Blanc a répondu à la question de Grégoire, qui se demande s'il doit partager avec sa copine ses propres fantasmes. Pour la sexologue, les choses peuvent se faire très naturellement sans forcément tout raconter de ces pensées très intimes. 

Si en matière de sexualité, chacun a ses propres fantasmes, les aborder avec une autre personne peut souvent s'avérer délicat, tant ils sont liés à notre intimité. Et il peut être encore plus compliqué de les confier à son conjoint, par peur d'être jugé. C'est le cas de Grégoire, un auditeur d'Europe 1, qui se demande s'il devrait en parler à sa copine. Jeudi, dans "Sans rendez-vous", la sexologue Catherine Blanc lui a donné quelques conseils. 

La question de Grégoire

"J'aimerais bien parler de mes fantasmes à ma copine, mais j'ai peur qu'elle me juge et qu'elle ne les comprennent pas. Est ce que je devrais lui en parler ?"

La réponse de Catherine Blanc

Dans un couple, chaque personne a ses propres fantasmes. Mais en couple, on est toujours dans l'envie de voir dans la même direction. Que quelqu'un puisse voir dans une direction très différente (et peut-être choquante pour nous) peut tout d'un coup briser la confiance quant au regard et aux gestes posés sur soi. Parce que selon les fantasmes de Grégoire, sa compagne peut se poser des questions et ça va venir polluer sa propre sexualité.

Ce que dit Grégoire, c'est qu'il voudrait bien pouvoir en parler mais a peur d'être jugé. La question est donc de savoir s'il juge lui-même ses propres fantasmes. Est-ce qu'il y a matière à jugement ? Je crois que la première des choses, c'est de dire à sa partenaire : "J'aimerais bien te parler de mes fantasmes mais je crains ton jugement." Auquel cas elle va répondre "Garde tes fantasmes" et là au moins, ça sera clair, ou au contraire elle va dire "Dis m'en un et on verra". Et ils vont avancer doucement ensemble. 

Les choses peuvent venir naturellement

Mais il faut quand même se poser la question de savoir pourquoi on veut parler de ses fantasmes à son partenaire. Est-ce que c'est parce que je veux absolument les vivre, auquel cas je risque de vouloir enfermer notre sexualité dans un programme qui est celui de mon excitation ? Ou alors, est-ce que je veux les raconter parce que j'ai besoin qu'on me mette en paix quant à mes fantasmes, avec quelqu'un qui les partage avec moi ? Parfois, à ce moment-là, il vaut mieux les partager avec un thérapeute qui ne va pas les partager sexuellement mais va pouvoir les accueillir et permettre peut-être de les comprendre et de les dénouer s'ils posent problème à la personne en question.

La pornographie nous a un peu invités à tout dire : ce qui me plairait, ce qui ne me plairait pas, ce qu'on devrait faire pour performer un peu plus, etc. On vient bousculer le couple alors que peut-être que si c'est un fantasme praticable dans le couple, la personne peut l'introduire petit à petit et il verra bien s'il a une fin de non-recevoir ou pas. Et du coup, il n'y a pas un truc qui est arrêté en disant "c'est mon fantasme".

Tous les fantasmes méritent-ils d'être vécus ?

Tous les fantasmes ne méritent pas d'être vécus, et je dirais même qu'ils sont effrayants quand ils sont vécus. Parce que pour nombre de fantasmes, ce qui est excitant n'est presque pas révélable et même potentiellement anxiogène. Le fantasme est source d'une excitation parce qu'il raconte quelque chose entre soi et soi. Il n'introduit pas l'autre et projette des choses sur lui. Il y a des choses avec lesquelles on peut flirter, mais on y va sans les avoir dit, ce qui nous permet de revenir en arrière si ça ne nous convient pas. Mais se les raconter, c'est exposer l'autre à une lecture rétrécie de soi-même, puisqu'un fantasme n'est qu'un fantasme.