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Matthieu Limongi, édité par Mélanie Faure
Ce mardi marque la Journée mondiale du donneur de sang. À l'approche de l'été, les stocks de sang sont bas pour plusieurs groupes sanguins dans les hôpitaux. Dans plusieurs régions, la situation est même critique et les établissements s'inquiètent. Si les dons sont toujours moins nombreux pendant cette période, les urgences ne faiblissent pas. Au centre hospitalier de Reims, il a fallu apprendre à ajuster les stocks.

Yannick Lemière fait le même constat chaque jour : quand le responsable des stocks du centre hospitalier de Reims ouvre les réserves du laboratoires, les poches de sang manquent. À Reims et dans la région Grand Est, les besoins en produits sanguins augmentent d’année en année. Yannick a donc appris à optimiser et à négocier. "Un prescripteur va nous demander trois poches, mais en lui expliquant nos problèmes de stocks, deux poches vont suffire", explique-t-il à Europe 1.

Dans l’établissement, les seuils sont en-dessous du seuil critique

"C’est en fonction du type patient, de sa pathologie et du stock. C’est un équilibre à trouver", poursuit-il. Malgré tout, Yannick et son équipe sont obligés de faire au cas par cas face à la pénurie de poches de certains groupe sanguin - celle qui fait le plus défaut est le O négatif. 

Un équilibre plus que fragile. Et puisque chaque goutte compte, les patients sont de plus en plus nombreux à recevoir un sang différent de leur groupe sanguin. "Ca va nous faire une économie", estime Yannick Lemière. "Il y a eu des patients qui ont utilisés à eux seuls 40 poches dans la même journée. Si vous lui donnez les 40 poches de son groupe sanguin, vous lui donnez notre stock entier, ce n’est pas possible."

Des opérations reportées

L'opération est le plus souvent sans risque, mais elle n'est pas toujours possible selon les groupes sanguins. En effet, la transfusion du sang d’un autre groupe peut parfois amener des antigènes, à l’origine des anticorps. Si des anticorps se forment, le corps va donc le reconnaître comme étranger et lutter contre lui - c’est ce qu’ils appellent "immuniser".

Parfois, quand le stock d’un certain groupe sanguin ou Rhésus fait défaut, l'intervention peut être reportée selon les cas et les urgences vitales ou relatives. C'est ce qu'observe de plus en plus Deria, technicienne au laboratoire de l'hôpital de Reims, qui explique que le problème est le groupe O : "Quand c'est une opération, on peut se permettre de la décaler. Mais quand c'est une maternité, on fait des recherches dans la région voire dans la France pour trouver des poches compatibles." Une alerte générale que Deria craint de voir se répéter dans les semaines à venir.

Quelle est la situation sanitaire à travers le pays ? Pour fonctionner correctement, les hôpitaux de France ont besoin de 30.000 prélèvements avant l'été. La responsable du développement sur le territoire de l’EFS Reims a dû redoubler d'imagination pour attirer les donneurs, au lendemain de la pandémie de coronavirus qui a engendré de nouvelles peurs. La direction a donc mené des campagnes dans des endroits plus atypiques, comme au Stade de Reims.