Bruno Lina 6:53
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Léa Leostic , modifié à
Si la situation sanitaire semble doucement s’améliorer, Bruno Lina, virologue et membre du Conseil scientifique, a appelé à la prudence samedi soir sur Europe 1. Il évoque une période charnière de trois à quatre semaines, pour que les variants ne deviennent pas majoritaires sur le territoire et ainsi passer un été serein.
INTERVIEW

Les Français vivent leur premier week-end sans restrictions forçant à rester à moins de 10 kilomètres de son domicile. Samedi, le nombre de patients atteints du Covid-19 en réanimation a une nouvelle fois baissé, selon les chiffres de Santé publique France. La pression hospitalière continue de baisser lentement, les indicateurs s’améliorent. "Le nombre de cas baisse et baisse même plus vite que prévu", a confirmé Bruno Lina, professeur de virologie et membre du Conseil scientifique, samedi soir au micro d’Europe 1. 

Mais le virologue a malgré tout appelé à la prudence, notamment face aux variants. "On est dans une période charnière", a-t-il assuré. Il craint en effet le moment où les variants du Covid-19 "qui échappent à la réponse immunitaire" vont devenir majoritaires en France : "Il faut que ce soit à un moment où il y a peu de cas en France et beaucoup de vaccinés."

"L’idéal serait que le nombre de cas passe en dessous des 10.000"

Selon lui, si on veut pouvoir maintenir le calendrier de levée des restrictions, il faut surveiller simultanément deux indicateurs : le nombre de cas quotidiens et la part que représente les variants parmi toutes les contaminations. "L’idéal serait que le nombre de cas passe en dessous des 10.000, et même des 8.000, au moment où on commencera à ouvrir les terrasses."

"La deuxième chose, c’est que le pourcentage de ces variants qui échappent à la réponse immunitaire restent à un niveau suffisamment bas, avec un R0 qui soit inférieur à 1", a développé Bruno Lina. Quand le R0, c'est-à-dire le taux de reproduction de l'épidémie de coronavirus, est à nouveau inférieur à 1, cela signifie que les personnes infectées contaminent moins. Samedi, plus de 20.000 nouvelles contaminations ont encore été enregistrées. 

"Si on arrive à maintenir ce niveau de décroissance, cet été sera serein"

Vivra-t-on alors un été apaisé ou avec la crainte d’une reprise de l’épidémie, comme l’année dernière ? L’été dépendra des semaines à venir, répond Bruno Lina. "Si on arrive à maintenir ce niveau de décroissance et à bloquer une reprise de la circulation du virus, cet été sera très serein. En revanche, si le nombre d’infections augmente, alors on est potentiellement à la merci d’une reprise épidémique en fin d’été", prévient-t-il.

Bruno Lina estime cette période charnière "entre trois et quatre semaines". "Pendant cette période, il faut qu’on finisse de capitaliser sur l’ensemble des atouts qu’on a pour avoir des taux d’incidence suffisamment bas, pour ne pas se retrouver avec un variant trop résistant", a-t-il enfin conclu.