Cinq questions sur les chirurgies esthétiques après un amaigrissement important

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Céline Brégand , modifié à
À la suite d'un amaigrissement important, une personne peut avoir des séquelles physiques qui peuvent être réparées par la chirurgie esthétique. Europe 1 fait le point vendredi sur ces solutions, leurs risques, et leur coût avec Barbara Hersant, chirurgien plasticien et esthétique à Créteil.

Après un amaigrissement massif, les séquelles physiques peuvent être importantes, notamment au niveau du ventre, des seins, de la face interne des cuisses, de celle des bras, mais aussi des genoux, des mollets relâchés ou encore du visage. Certaines personnes décident donc de faire de la chirurgie esthétique pour réparer ces problèmes. Mais ces interventions ne sont pas anodines et doivent être mûrement réfléchies. Sur Europe 1 vendredi, la professeure Barbara Hersant, chirurgien plasticien et esthétique à l’hôpital Henri Mondor, à Créteil, explique en détails ce qu'il y a à savoir avant, pendant et après ce type d'intervention.

Qui est concerné ?

Il n'y a pas que les patients ayant perdu plusieurs dizaines de kilos qui peuvent recourir à ce type de chirurgie. "Un relâchement peut être observé après un perte de dix kilos", note Barbara Hersant. Mais bien sûr, "plus on perd, plus les séquelles sont importantes", ajoute-t-elle.

Tout dépend en réalité de l'élasticité de la peau. "C'est pour cela que quand on perd du poids, il faut effectuer des massages toniques de cinq minutes, deux fois par jour", insiste la chirurgienne. Le sport permet également de tonifier la peau et les muscles et de diminuer le relâchement de la peau.

L'importance des séquelles physiques après une perte de poids importante dépend surtout de la génétique, de la vitesse de perte de poids et de l'âge du patient. "Pour des patients très jeunes, il n'y a pas forcément de séquelles. Mais il y a des séquelles cutanées comme les vergetures", explique Barbara Hersant. Et passé l'âge de 30 ans, les séquelles sont fréquentes.

Barbara Hersant opère davantage de femmes que d'hommes. Cela s'explique parce que pour les femmes, en cas de perte de poids, "il y a souvent un relâchement au niveau du ventre et des seins" mais aussi en raison des grossesses. "Il y a une inégalité, les femmes sont plus touchées", affirme-t-elle.

Quand le faire ?

En fonction des cas, le délai entre la perte de poids et la chirurgie plastique varie. "On aime que le patient soit orienté par son nutritionniste ou son chirurgien digestif, qui nous l'adresse" quand il est sûr que le patient peut-être opéré, explique Barbara Hersant.

"Pour les patients qui ont eu une chirurgie bariatrique [qui consiste à restreindre l'absorption d'aliment, ndlr], normalement ils ne doivent pas reprendre de poids s'ils ont eu une chirurgie de type bypass ou une réduction de l'estomac. Donc normalement, la perte de poids est stable. On attend toujours un minimum de deux ans avant d'opérer les patients après une chirurgie bariatrique", expose la chirurgienne.

Pour les gens qui ont perdu du poids d'eux-mêmes, "il peut y avoir une reprise de poids donc ils s'engagent à ne pas reprendre de poids après une chirurgie esthétique", ajoute-t-elle et le délai est alors d'un an minimum. Après une grossesse, il faut également attendre un an, notamment car, à cause de l'allaitement, "il faut attendre que le sein ne soit plus inflammatoire et stable".

Et pour ceux qui ne savent pas encore s'ils veulent perdre à nouveau du poids ou non, la chirurgienne leur demande "leur poids de forme, le poids dans lequel ils se sentent bien". Dans tous les cas, "il vaut mieux perdre tout le poids avant la chirurgie de manière à avoir le plus beau résultat possible", souligne-t-elle. Et il faut toujours deux consultations et "un délai de réflexion de 15 jours avant une chirurgie".

Qu'est-ce qu'une abdominoplastie ?

Parmi les interventions les plus courantes, se trouve l'abdominoplastie, une plastie du ventre. "Il peut y avoir un tablier abdominal c'est-à-dire que la peau pend et peut même recouvrir les parties génitales ou le pubis", explique Barbara Hersant. "Cela peut être aussi le lit de mycoses. Il y a un relâchement cutané qui peut être important." Et les muscles des grands droits peuvent aussi être relâchés et écartés. Donc on peut avoir un ventre aussi très ballonné", appuie-t-elle.

Pour les patients qui gardent un peu de graisse au niveau des hanches et de la graisse mal localisée au niveau du nombril, la chirurgienne va l'enlever "par une technique de lipoaspiration". Puis ensuite, faire "une incision d'une hanche à l'autre" et retirer la peau en trop. "Attention, un lifting du ventre, c'est de l'esthétique mais il y a une cicatrice définitive. Ce n'est pas anodin", prévient-elle. Ensuite, la peau en trop est retirée.

En général, il faut compter deux à trois jours d'hospitalisation. Pour une plastie du ventre, "il faut compter un minimum de quatre heures d'opération", indique la chirurgienne. Et la chirurgie des seins peut se faire en même temps que celle du ventre.

Quels sont les risques et les contre-indications ?

L'intervention se fait une fois que le poids du patient est stable et qu'il a arrêté de fumer. "Le tabac est un facteur de risque de thrombose et de mauvaise cicatrisation, avec le risque que la peau nécrose", explique Barbara Hersant. La principale complication, qui n'est pas fréquente mais qui peut être grave, est la thrombophlébite, c'est-à-dire un petit caillot qui se met dans les veines et qui peut migrer vers les poumons et provoquer une embolie pulmonaire. Un risque plus important lors de l'opération du ventre ou la chirurgie des cuisses.

Les patients sont donc "opérés avec des bas compressifs qui massent les mollets pendant l'intervention et il y a des piqûres obligatoires d'anti-coagulants pendant 15 jours", indique la chirurgienne. Lors de l'opération des membres inférieurs, une autre complication est possible : les lymphorrhées. "La lymphe peut couler car c'est une zone où il y a beaucoup de ganglions et de lymphatiques donc il peut y avoir des écoulements qui peuvent durer longtemps."

Combien ça coûte ?

Une partie des interventions sont prises en charge par la sécurité sociale mais ce n'est pas le cas de toutes. Pour la plastie abdominale, si le tablier abdominal recouvre le pubis ou les parties génitales, il y a une prise en charge par la sécurité sociale. "Le chirurgien doit alors faire une entente préalable et le patient est convoqué par le médecin conseil de l'assurance maladie. C'est ce dernier qui décide", explique Barbara Hersant.

Concernant celle des bras ou des jambes, "si on remarque qu'il y a un relâchement très important et que la patiente peut justifier d'un gros amaigrissement, on fait une entente préalable". La chirurgie des seins n'est, quant à elle, jamais prise en charge. Les prix parisiens pour ces types de chirurgie se situent "entre 4.000 et 6.000 euros".