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Nina Droff
Un collectif de six patients s’attaque aux fluoroquinolones, des antibiotiques destinés à traiter des infections graves, et porte plainte pour "blessures involontaires" et "tromperie aggravée". Les effets secondaires rencontrés sont irréversibles et impactent fortement les patients dans leur vie quotidienne. 

Ce lundi, dix patients traités par des antibiotiques fluoroquinolones (Oflocet, Ciflox ou encore Tavanic) ont déposé une plainte contre X, pour "blessures involontaires" et "tromperie aggravée". Il dénonce un scandale sanitaire après avoir été victime de lourds effets secondaires suite à la prise de ce médicament.

Des séquelles très lourdes

Philippe Coville fait partie des plaignants. Il y a un peu plus d’an, son médecin lui a prescrit un de ces fluoroquinolones, pour soigner une infection urinaire. Très vite, il en subit les effets secondaires. "Au bout de 10 jours, je commence avoir très mal aux jambes", raconte-t-il. "J’ai eu du mal à marcher pendant un an, ensuite, j’ai encore des neuropathies, des douleurs dans les mains et les pieds qui me réveillent la nuit." Cela fait maintenant 18 mois que Philippe rencontre des problèmes de santé, suite à la prise de ces antibiotiques.

Pour Ateka, cela fait presque dix ans qu'elle souffre. Au cours de l’année 2014, elle est traitée pour une infection au niveau du rein avec ces antibiotiques à plusieurs reprises. Depuis, elle dit ne jamais avoir totalement retrouvé son autonomie. "J’ai tout le temps mal aux mains et aux talons, je ne peux plus travailler, j’ai même du mal à me coiffer. Dès que je fais le moindre effort, je suis fatiguée", explique la quadragénaire. "Il n’y a rien à faire, ça ne disparaît pas."

Des prescriptions injustifiées

Le collectif dénonce également le fait que souvent ces antibiotiques sont prescrits alors que cela n’est pas nécessaire. Dans une étude parue en mai dernier, l’Agence Européenne du Médicament affirmait que plus des deux tiers des prescriptions en France sont faites pour des indications non prévues par les recommandations. "On prescrit ces traitements dans des situations où la balance bénéfice/risque est négative : des infections bénignes où l’on devrait utiliser des antibiotiques moins toxiques", s’indigne Philippe Coville. "Dans ces situations, ces antibiotiques sont quasiment des poisons !". L’association affirme qu'en quatre ans, six millions de prescriptions injustifiées de ces antibiotiques ont été faites.

Avec cette plainte, Philippe Coville et les autres victimes espèrent déclencher l’ouverture d’une enquête pénale sur ce médicament et surtout un arrêt des prescriptions. "Il faut arrêter de prescrire ce médicament à tout va ! Ça détruit la santé des gens, ça détruit des vies", martèle-t-il. Ils demandent par ailleurs qu’une unité de soin pour traiter leurs séquelles soient créées.