La consommation excessive d'alcool serait un facteur de risque supplémentaire pour le cancer du sein (Photo d'illustration) 2:00
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Jonathan Grelier
En raison de délais plus longs en amont d'une consultation ou d'une hospitalisation pour une addiction à l'alcool, les femmes peuvent souffrir de conséquences plus graves pour leur santé. Le docteur Laurent Karila, médecin psychiatre et auteur du livre L'alcoolisme au féminin, était invité jeudi dans l'émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1.

"Il faut arrêtez de dire ça." Osez demander au docteur Laurent Karila, psychiatre et auteur du livre L'alcoolisme au féminin, si les femmes consomment moins d'alcool que les hommes et c'est la réponse que vous obtiendrez. Invité de Sans rendez-vous jeudi, sur Europe 1, le spécialiste des addictions a souligné les particularités de l'addiction à l'alcool chez les femmes, au premier rang desquelles il cite "plus de complications" possibles avec des conséquences "plus sévères".

"Les plus jeunes consomment plus"

Sous l'impact du marketing, notamment matérialisé par des couleurs et des symboles destinés à cibler la clientèle féminine, les femmes boiraient aujourd'hui autant d'alcool que les hommes. Leur consommation reste cependant "extrêmement variable", selon Laurent Karila. "Les plus jeunes consomment plus", indique-t-il seulement tout en soulignant que "ça touche tout le monde".

 

 

Selon une étude citée par le docteur, "les cadres moyens et supérieurs [seraient] un peu plus touchés que les autres". "C'est une donnée un peu nouvelle", rapporte Laurent Karila qui note un "alcoolisme mondain qui peut être un risque chez certains". Pourtant, les professionnels ne seraient pas encore habitués à cette réalité : "Une femme très très précarisée, on va spontanément lui poser la question de l'alcool. une femme qui est cadre sup' ou même cheffe d'entreprise, on ne va pas trop lui poser la question."

"Plus de risques sur le foie"

Les conséquences de cette consommation, elles, ne sont pourtant pas les mêmes en fonction des sexes. "Il y a des différences physiologiques et pharmacologiques qui sont claires entre les femmes et les hommes", souligne le docteur qui cite aussi "des différences morphologiques". "À âge égal, une femme qui va boire la même chose qu’un homme va stocker plus plus vite et donc l'alcoolémie va être plus élevée. Il peut y avoir plus de risques sur le foie, d'autres organes et le cerveaux aussi", détaille-t-il.

Autre conséquence moins évoquée : "L'alcool consommé de manière excessive est un facteur de risques du cancer du sein."

"Leur durée de réflexion est beaucoup plus longue"

Pour les femmes, les risques sont d’autant plus importants que leur prise en charge est plus tardive, à en croire le spécialiste. En cas de besoin d'hospitalisation, "la durée de réflexion est beaucoup plus longue chez la femme quel que soit l'âge", souligne-t-il. "Parce qu'elle disent : 'Moi je ne peux pas me faire hospitaliser, j'ai les enfants et j'ai mon mari, comment je vais faire ?'"

En raison de ces consultations tardives, "plus de complications" et des "plus sévères" surviendraient chez les femmes selon lui, par exemple des "problèmes d'hypertension artérielle".

Une guérison toute relative

Pour aider les personnes, femmes et hommes, à ne pas sombrer dans l'alcool, le docteur insiste sur l'importance de l'entourage dans un premier temps. "Il faut aller rechercher de l'information", estime-t-il.

Quant à une éventuelle guérison, elle ne serait jamais totalement acquise. "Un cerveau addict guéri reste toujours un cerveau addict vulnérable", conclut-il.