Vaccin anti-paludisme : une protection réelle mais limitée

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Alcyone Wemaere, avec agences
Le premier vaccin expérimental contre le paludisme à atteindre la phase 3 des essais cliniques est à la fois encourageant et décevant d'après une étude.

Le vaccin expérimental anti-paludisme le plus avancé du monde contre vient de faire l'objet d'une vaste étude. Verdict ? Les résultats sont à la fois encourageants et décevants. Explications.

Prometteur. A la veille de la Journée mondiale contre le paludisme, la revue médicale The Lancet publie vendredi les résultats d'une vaste étude concernant le vaccin expérimental anti-paludisme baptisé "RTS,S", du  géant pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK). Les résultats suggèrent que le "RTS,S" pourrait prévenir un grand nombre de cas de paludisme, en particulier dans les zones fortement touchées et contribuer ainsi au contrôle de la maladie en combinaison avec d'autres mesures de contrôle efficaces (moustiquaires imprégnées d'insecticide, traitements...), selon les auteurs de l'étude. C'est le premier vaccin contre le paludisme à atteindre la phase 3 des essais cliniques, l'étape nécessaire avant la commercialisation.

Pour  le professeur de médecine tropicale, Nick White de l'Université Mahidol à Bangkok et à Oxford : "nous avons enfin un vaccin contre le paludisme qui marche - mais il ne marche pas aussi bien que l'on espérait au départ".

Réduction de crises palustres. Chez les enfants qui ont reçu une dose de rappel, le nombre de simples épisodes cliniques de paludisme après 4 ans a été réduit d'un peu plus d'un tiers (36%). Sans dose  de rappel, le vaccin n'a pas démontré d'efficacité significative contre le paludisme sévère dans ce groupe d'âge. Cependant, chez ceux qui ont eu un rappel, l'efficacité protectrice globale contre les formes graves de paludisme était de 32%, et de 35% contre les hospitalisations liées au paludisme. Chez les nourrissons dont la vaccination a été suivie d'un rappel, la réduction de crises palustres était de 26% sur 3 ans de suivi, mais il n'y a pas eu de protection significative contre les accès sévères de malaria.

Les bémols.  Si le vaccin expérimental reste actuellement le plus prometteur contre le paludisme, son efficacité reste modeste et décroît avec le temps, selon les auteurs. L'injection de rappel a restauré un peu de l'immunité perdue après la première série d'injections, selon le co-auteur de l'étude Brian Greenwood (London School of Hygiene and Tropical Medicine à Londres). "Malheureusement, l'effet n'est pas aussi important que celui que l'on voit avec d'autres vaccins", pour d'autres maladies, ajoute-t-il.

Les ravages du paludisme. Plus de 500.000 personnes meurent chaque année dans le monde des suites du paludisme, essentiellement en Afrique, selon l'OMS. Les enfants de moins de cinq ans représentent au moins les trois quarts de ces décès.

Dans de nombreuses régions du monde, les parasites sont devenus résistants à plusieurs médicaments antipaludéens, problème auquel s'ajoute des résistances aux insecticides, ce qui renforce l'intérêt pour la mise au point d'un vaccin. L'agence européenne du médicament (EMA) examine le dossier du vaccin GSK, mais il faudra encore les recommandations de l'OMS avant une éventuelle diffusion du vaccin notamment en Afrique.

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