François Rebsamen, le maire de Dijon, était l'invité mercredi de la matinale d’Europe 1. 2:17
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Romain David , modifié à
Alors que le quartier des Grésilles à Dijon a été le théâtre de violences communautaires pendant plusieurs nuits, le maire François Rebsamen, invité mercredi de la matinale d’Europe 1, a déploré le fait de ne pas avoir été informé par le ministère de l’Intérieur de l'arrivée soudaine, selon lui, sur sa commune de "150 ou 180 Tchétchènes".
INTERVIEW

Après quatre nuits de troubles dans le quartier des Grésilles à Dijon, la polémique enfle entre la municipalité et le ministère de l’Intérieur. Le maire, François Rebsamen, a estimé que les forces de l’ordre étaient intervenues trop tardivement pour mettre fin à une série de violents règlements de compte entre communautés tchétchène et maghrébine. Mais de son côté Laurent Nuñez, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, a assuré lors d’une visite sur place mardi que la police n’était pas "restée en retrait".

"Il y a eu une faille, personne n’avait prévu leur arrivée", a de nouveau déploré jeudi, au micro de Sonia Mabrouk sur Europe 1, François Rebsamen à propos des services de renseignement. Pour l'édile, rien ne préparait Dijon à devoir affronter une telle situation : "Ce qui s’est passé était totalement inattendu et inédit. Personne ne pouvait imaginer que 150 ou 180 Tchétchènes viennent de toute la France, voire de l’étranger, s’abattre sur la ville pour rendre la justice".

"Il a fallu que j’appelle le ministre de l’Intérieur deux fois"

"C’est moi qui les ai vus, à minuit, débarquer sur la place de la République. Je me suis demandé ce qui se passait. Voilà comment cela s’est passé", raconte l’ancien ministre du Travail de François Hollande. "Il a fallu que j’appelle le ministre de l’Intérieur deux fois. Il a envoyé au préfet des effectifs supplémentaires un peu tardivement", poursuit François Rebsamen. 

Des forces de l'ordre en sous-effectif

"Je ne pense pas qu’il y ait du laxisme de la part de l’Etat. Il y a des effectifs insuffisants dans la Police nationale", tient toutefois à nuancer l'édile. "Les forces de l’ordre n’étaient pas en nombre suffisant à Dijon. Elles ne sont jamais en nombre suffisant la nuit, sur toutes les grandes villes de France", déplore-t-il. "Sous Nicolas Sarkozy, 10.000 postes de police ont été supprimés et ils n'ont pas été rétablis sous François Hollande", pointe encore François Rebsamen, selon qui les effectifs recrutés lors du précédent quinquennat ont d’abord été affectés à la lutte contre le terrorisme.

Le point de départ des échauffourées à Dijon remonterait à l’agression, la semaine dernière, d’un jeune de 16 ans d’origine tchétchène, habitant Les Grésilles. Pour François Rebsamen, une intervention plus rapide de la justice aurait permis d’éviter le lancement de cette expédition punitive. "Le problème, c’est que quand il y a des actes de délinquance comme cela on attend que la justice passe, or elle passe trop lentement. Ces voyous qui ont tabassé, molesté ce jeune tchétchène devraient être traduits devant la justice", martèle-t-il. "Il faudrait une nouvelle conception de la relation entre la police et la justice", conclut François Rebsamen, qui plaide pour un plus grand rapprochement entre les services.