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Alexandre Chauveau avec AFP
C'est le premier déplacement de campagne de la candidate Les Républicains, Valérie Pécresse, à l'élection présidentielle. Pour l'occasion, elle se rend sur les terres de son ancien adversaire, Eric Ciotti, à Nice. Si Eric Ciotti "a fait une formidable campagne, maintenant c'est le moment de l'unité", a-t-elle assuré.

"Rassembler toutes les sensibilités de la droite" : pour son premier déplacement de candidate Les Républicains (LR) à la présidentielle, Valérie Pécresse est lundi sur les terres d'Eric Ciotti, qui a mis la pression pour garder le cap à droite. "C'était un geste que je voulais faire parce qu'Eric a fait une formidable campagne. Cette droite est fière d'elle-même, fière de ses valeurs, Eric a une place très singulière à jouer dans cette campagne", a-t-elle souligné à son arrivée à l'aéroport de Nice où elle a été accueillie par celui qu'elle a battu par 61% des voix contre 39% au congrès samedi.

Un objectif : rassembler la droite

Après un déjeuner privé à Nice, les deux finalistes de la primaire se rendront à Saint-Martin-Vésubie où ils déposeront une gerbe à la mémoire des victimes de la tempête Alex de fin 2020, avant une réunion publique commune. Un signe d'unité, en ouverture d'une semaine dédiée au "rassemblement" de la famille politique, puisque la candidate devrait se rendre dans le fief de ses autres concurrents battus, et notamment vendredi chez Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France.

L'ancienne députée des Yvelines, qui a repris sa carte chez LR cet automne après l'avoir quitté en 2019, prévoit d'être mardi auprès des parlementaires. "Je veux rassembler toutes les sensibilités de la droite", martèle la présidente de la région Ile-de-France. 

 

Mais le déplacement de lundi sera particulièrement scruté après la mise en garde inattendue dimanche d'Eric Ciotti. "Le message qui a été lancé hier par Valérie Pécresse n'était pas un bon message", a-t-il affirmé après une réunion publique. En cause: une interview où la toute fraîche candidate a refusé de reprendre certaines propositions musclées de son ex-rival, comme la création d'un "Guantanamo à la française" ou la priorité nationale pour les emplois ou le logement.

"Nous en parlerons demain avec Valérie Pécresse, je la soutiens, mais j'entends que mes idées soient représentées avec force, les idées d'une droite qui entend se faire respecter", a insisté M. Ciotti.

Le projet "ne sera pas édulcoré"

"Éric Ciotti aura évidemment une place tout à fait spéciale dans ma campagne parce qu'il incarne cette droite Pasqua que nous devons mettre à l'honneur", a câliné lundi matin sur France Inter la candidate. Mais, ajoute-t-elle, "mon projet a été choisi, il ne sera pas édulcoré et il peut être enrichi mais pas dénaturé par les propositions des autres camarades candidats".

Un "tandem"

Dans l'entourage de la candidate, on explique qu'il y avait eu dimanche un télescopage entre les interviews, que les deux responsables se sont depuis parlé au téléphone et qu'il n'y a "aucun problème" entre eux. Reste que l'avertissement d'Eric Ciotti est venu ternir la belle image d'unité donnée par LR dans ce congrès, où les perdants s'étaient avec fair-play rangés derrière la gagnante sitôt les résultats connus.

Dans cette campagne, Eric Ciotti entend bien peser à hauteur de son score de 39%. "Valérie a son projet et c'est naturellement le sien, mais (...) il faut qu'on ait la force d'idées de droite parce que c'est ce qu'attend le pays", a-t-il fait valoir lundi sur France Bleu Azur. "Ce sont les valeurs d'autorité, d'identité et de liberté que les Français ont plébiscitées" dans ce congrès, avait-il déclaré samedi après une campagne largement axée sur l'insécurité et l'immigration.

Zemmour, main tendue aux déçus LR

Alors qu'Eric Zemmour a fait une entrée fracassante dans la course à l'Elysée, on s'inquiète dans l'entourage du député des Alpes-Maritimes qu'une partie des LR puisse se tourner vers le candidat identitaire. Eric Zemmour n'a pas manqué dimanche lors de son meeting à Villepinte de leur tendre la main. Et dans la foulée, l'ex-numéro deux de LR Guillaume Peltier a jeté le trouble dans un tweet où il s'est demandé "comment rester insensible au discours pour la France d'Eric Zemmour". 

Mais, du point de vue du camp Ciotti, reste une opportunité de récupérer les déçus du zemmourisme si la campagne de ce dernier venait à patiner. "Il y a 15% d'électeurs dans la nature, il faut aller les chercher", assure-t-on.

 

Le défi, pour Valérie Pécresse, sera d'entendre cette demande tout en convainquant aussi le centre-droit passé ou tenté par la macronie. "Il faut qu'elle trouve une place à Eric Ciotti sans qu'il croie qu'il l'a remplacée", explique le politologue Pascal Perrineau, pour qui "avec un Eric Zemmour fragilisé, Ciotti peut servir d'aimant pour ramener les brebis au bercail".