Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti était l'invité d'Europe 1 mardi. 2:06
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Jonathan Grelier , modifié à
Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a condamné mardi sur Europe 1 le fait que des affiches avaient été collées sur l'enceinte de l'établissement d'études politiques de Grenoble pour taxer deux professeurs d'islamophobie. Il a aussi jugé l'attitude du syndicat étudiant Unef "irresponsable".
INTERVIEW

Des affiches accusant deux professeurs de Sciences Po Grenoble d'islamophobie ont été collées la semaine dernière sur le bâtiment de cet Institut d'études politiques, déclenchant l'ouverture d'une enquête pour "injure" et "dégradation" par le parquet de Grenoble. "On ne peut pas jeter des noms en pâture" de la sorte, a dénoncé le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti mardi sur Europe 1. "C’est grave. Dans notre société, la tolérance, nos règles, nos traditions, doivent nous conduire à saisir les autorités compétentes et à exercer les recours idoines", a-t-il ajouté.

"'Wanted', ce n’est pas dans notre culture et ça ne doit pas le devenir"

"Dans notre beau pays de libertés, on peut caricaturer, on peut ne pas aimer une religion, on peut vouloir, quand on est enseignant, organiser un débat autour d’une religion", a insisté Éric Dupond-Moretti. Un des enseignants mis en cause avait notamment expliqué sur Europe 1 s'être "inscrit pour préparer une journée thématique au titre : racisme, islamophobie, antisémitisme". Il comptait lors de cette journée "contester dans la discussion" avec les étudiants l'"alignement de ces trois termes dans une seule thématique".

"Si on n'est pas content quand on est étudiant, il y a des recours", a insisté le ministre. "Si ce qui est dit par l’enseignant est constitutif d’une infraction pénale, il saisit le procureur de la République. Si ça n’est pas une infraction pénale, il peut aller voir le doyen de l'université. Mais en aucun cas afficher des noms, des visages sur des murs... 'Wanted', ce n’est pas dans notre culture et ça ne doit pas le devenir."

"Un comportement irresponsable" de l'Unef

Le collage de ces affiches - sur lesquelles on pouvait lire "Des fascistes dans nos amphis. L'islamophobie tue" et le nom des deux enseignants - est intervenu dans un contexte déjà tendu au sein de l'établissement, sur fond d'accusations de discrimination syndicale.

Par ailleurs, des photos de ces affiches avaient été relayées par la branche grenobloise du syndicat étudiant l'Unef sur les réseaux sociaux. "C’est un comportement irresponsable", a condamné Éric Dupond-Moretti. "Et pour le reste, je n’en dirai pas plus car les autorités judiciaires sont saisies de cette affaire."