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Salomé Legrand, édité par Rémi Duchemin , modifié à
Très émue, la désormais ex-ministre de la Justice a passé le témoin mardi à la mi-journée à l’avocat pénaliste, nommé lundi garde de Sceaux à la surprise générale. Eric Dupond-Morretti a ensuite prononcé un discours d’apaisement, alors que les magistrats s’inquiètent de sa nomination.

Eric Dupond-Moretti a officiellement pris ses fonctions de ministre de la Justice mardi, à l'issue de la passation de pouvoirs avec Nicole Belloubet. Celui dont tout le monde parle depuis le remaniement annoncé lundi, celui dont le visage barbu s'affiche à la Une de tous les quotidiens est désormais le nouveau Garde des Sceaux. Il a d’abord semblé un peu raide à son arrivée place Vendôme, dans un costume clanique, plus strict que ses habituelles vestes forestières, portant, chose rare, une cravate.

Après Nicole Belloubet, qui a salué "la figure emblématique" qu’il est, son "humour décapant", son acuité sur les dossiers et sa "grande humanité", c’est un Eric Dupond-Moretti très solennel qui a brièvement pris la parole. "Pendant près de 36 ans, j’ai sillonné la France, dont je connais tous les tribunaux. Je le confesse, je n’ai pas de la justice une connaissance technocratique. Je la connais humainement, je la connais intimement, je la connais charnellement", a lancé le nouveau ministre de la Justice. "Dans ce long parcours, j’ai vu le meilleur et le pire. Le chagrin de victimes dévastées, le désespoir d’individus injustement condamnés".

"Je veux avancer sur l'indépendance de la justice"

L’avocat n’a pas non plus oublié de rassurer les magistrats, très inquiets après sa nomination. "J’ai rencontré de très grands magistrats, devant qui j’ai eu l’honneur de plaider. Je les respecte. Ils sont humains, indépendants, gourmands du contradictoire. Ils sont de ces femmes et de ces hommes qui en quelques mots vous réconcilient avec l’idée même de justice", a-t-il affirmé. "Je ne fais de guerre à personne."

Eric Dupond-Moretti s’est rapidement fait plus ferme et plus assuré en déclinant ses chantiers prioritaires, dont l’indépendance du parquet et la présomption d’innocence. "Je veux avancer sur un projet qui me tient à cœur : l'indépendance de la justice. Je souhaite être le garde des Sceaux qui portera enfin la réforme du parquet tant attendue", a affirmé l'ex-avocat pénaliste. "Mon ministère sera aussi celui de l'antiracisme et des droits de l'Homme", a-t-il enfin promis.