Bruno Chrétien. 1:38
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Emmanuel Macron lance ce jeudi soir sa grande consultation sur la réforme des retraites à Rodez. Bruno Chrétien, président de Factorielles et de l'Institut de la protection sociale, explique au micro d'Europe 1 pourquoi la fusion de tous les régimes est une fausse bonne idée.
INTERVIEW

Après le décès de Jacques Chirac, le débat avait été décalé. Ce jeudi soir, à Rodez, le président de la République lance la grande consultation sur la réformes de retraites, prévue jusqu'à la fin de l'année. Au micro de Matthieu Belliard dans la matinale d'Europe 1, Bruno Chrétien, président de Factorielles et de l'Institut de la protection sociale, dénonce l'idée de la fusion de tous les régimes. 

"C'est une folie. ça n'existe nulle part ailleurs. Et c'est une folie pour une raison très simple : dans tous les pays développés, vous avez trois piliers et trois populations couvertes. Dans les trois piliers, vous avez un régime de base qui assure le minimum vital pour tout le monde. La promesse étant que personne ne meurt de faim. Ensuite, il y a les régimes complémentaires qui s'adaptent aux professions. Et puis les régimes supplémentaires. Et il y a des régimes différents pour les salariés, les indépendants et les fonctionnaires", énumère Bruno Chrétien.   

"Les salariés n'ont souvent que leur salaire comme source de revenus donc il faut que la retraite suive derrière, avec un taux de remplacement élevé. Les indépendants ont des cycles de richesse différents, qui commencent avec des revenus pas très élevés, qui investissent pour l'entreprise, la maison, et qui ont après un rattrapage en fin de carrière. Donc ils ont besoin d'un système plus souple. Et puis, pour les fonctionnaires, qui ont besoin d'une collaboration jusqu'au terme", explique le président de Factorielles et de l'Institut de la protection sociale.

"Le fait de regrouper tous ces régimes assure une mutualisation - donc finalement, qui est gagnant ? - Mais pour autant, pour prendre une image, c'est comme si on disait : il y a des gens qui font 1m70 et pèsent 65kg et on leur donne un costume, et toute la population a ce costume. Moi, à titre personnel, j'aurais du mal à rentrer dedans", ironise-t-il.         

"Cette réforme ne donne pas son véritable objectif"  

Il ajoute : "cette réforme ne donne pas son véritable objectif qui est d'assurer le financement des systèmes publics. Aujourd'hui, les salariés paient environ 27% de cotisation, les indépendants sont environ à 24% à 40 000 euros et entre 7 à 10% au-delà. Et les fonctionnaires ont une cotisation salariale et c'est l'Etat qui équilibre. Mais la cotisation globale est finalement plus élevée au niveau de l'Etat car on a des règles qui historiquement sont plus favorables pour un certain nombre d'entre eux." 

"Ce serait intéressant que Jean-Paul Delevoye et le Président s'expliquent sur ce sujet. On ne peut pas expliquer cette réforme autrement que par le fait de vouloir monter cette réforme jusqu'à 120 000 euros par an autrement que par la volonté d'équilibrer le système du public par ceux du privé", résume Bruno Chrétien.