Jean Castex veut mettre fin à la polémique sur les repas sans viande. 1:30
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Claudia Bertram, édité par Guilhem Dedoyard , modifié à
Les ministres sont en désaccord sur la position à adopter vis-à-vis de la décision de Grégory Doucet, le maire de Lyon, concernant les repas sans viande à l'école. Le Premier ministre a donc essayé de mettre fin à la polémique en interne, mais celle-ci s'est étendue à la majorité.

Le menu unique sans viande n'en finit pas de diviser le gouvernement et la majorité. Depuis plusieurs jours, les ministres et la majorité ont affiché des positions très contradictoires. Certains, comme Gérald Darmanin et Julien Denormandie, ont dénoncé "une mesure idéologique" du maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, quand la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, estime qu'il s'agit d'un "débat préhistorique". Face à cette "cacophonie" ambiante, le Premier ministre Jean Castex est intervenu. "Moins nous alimentons les polémiques auto-portées, mieux nous nous portons", a-t-il essayé de faire comprendre.

Jean Castex veut mettre fin à la polémique...

Dans un mail adressé la nuit dernière à tous les ministères, le cabinet de Jean Castex déplore "une forme de cacophonie ministérielle" et rappelle très clairement la méthode : "Calage en amont, alignement en aval". Bien loin de ce qui a été donné à voir jusqu'à présent. Le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Julien Denormandie, avait été parmi les premiers à dégainer, appelant à ne pas "mettre de l'idéologie dans l'assiette de nos enfants".

Une position reprise par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui évoquait, en plus de cela, "l’insulte inacceptable aux agriculteurs et aux bouchers français" que représentait cette décision. 

C'est après la prise de position de ses collègues que la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a fait la promotion de repas sans viande dans le cadre de la loi Climat et résilience lors d'un déplacement en Charente. En marge de celui-ci, elle a déploré le retour à un "débat préhistorique".

....qui s'étend au sein de la majorité

De quoi s'attirer les foudres de Julien Denormandie qui a réaffirmé sur RTL que le choix de Grégory Doucet était une honte, tout en contestant une quelconque cacophonie au gouvernement. Sauf que la polémique ne s'y limite plus et touche aussi certains membres de la majorité. Jean-Baptiste Moreau, porte-parole d'En Marche et agriculteur, s'en est ainsi pris directement à la ministre, qu'il accuse de manquer de loyauté.

Hugues Renson, vice-président de l'Assemblée, lui a vivement répondu sur Twitter, en venant à la rescousse de Barbara Pompili. Il estime que "la viande française vaut mieux que les polémiques stériles d’un porte parole En Marche qui semblait moins véhément avec Gérard Collomb lorsque ce dernier avait pris la même mesure". Pas de quoi donc apaiser les tensions, donc.

"Les parlementaires, c'est du grand n'importe quoi, ils se tapent dessus", lâche un membre du gouvernement, dépité. "On a succombé à un geste provocateur du maire écolo de Lyon", se désole de son côté un député de la majorité. Et certains s'inquiètent de tensions qui annoncent des débats houleux lors de l'examen de la loi climat à l'assemblée, début mars. Force est de constater, en tout cas, que la consigne de Jean Castex - "moins nous alimentons les polémiques auto-portées, mieux nous nous portons" - ne semble pas avoir été bien entendue.