Cimetière 2:13
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Jean-Rémi Baudot et Hélène Terzian, édité par Romain David , modifié à
Plusieurs pays européens ont rendu hommage aux victimes de l'épidémie de Covid-19, mais au sein de l'exécutif français, on estime que le temps des commémorations n'est pas encore venu, le pays faisant face à une troisième vague de contaminations. Surtout, le bilan humain de la crise sanitaire renvoie l'Etat à ses éventuelles défaillances.
DÉCRYPTAGE

Plusieurs pays ont déjà rendu hommage aux morts du Covid-19, comme l’Italie il y a une semaine, ou le Royaume-Uni mardi. Pour l'heure, aucune cérémonie de ce genre n'est prévue en France, notamment parce qu'au sommet de l'Etat, le sujet embarrasse : rendre hommage aux victimes de l'épidémie, alors que le terrible seuil des 100.000 décès se profile, n’est pas chose aisée.

Si les médias ont arrêté d’égrainer le nombre quotidien des morts comme ils le faisaient durant la première vague, au printemps dernier, les chiffres n'en restent pas moins affolants alors que l'épidémie enregistre une nouvelle poussée sur l'ensemble du territoire : 292 décès au dernier pointage de Santé Publique France. "Chaque jour, c’est un avion qui tombe ou l'équivalent de deux attentats du 13-Novembre, mais ça fait longtemps que, collectivement, on ne fait plus attention", se désole un membre de cabinet auprès d'Europe 1.

"Le gouvernement est précisément responsable de ces victimes"

Parler de la mort est politiquement délicat car le sujet est anxiogène et renvoie aux éventuelles défaillances de l’Etat. "Il faudrait une journée d'hommage aux victimes, mais ça ne peut pas être un hommage rendu par le gouvernement qui est précisément responsable de ces victimes", estime ainsi Michel Parigot, le président de l'association Coronavictimes interrogé par Europe 1.

"En plus de la contamination qui conduit au décès, il y a les conditions dans lesquelles les choses se sont passées : des refus d'hospitalisation parce que les hôpitaux étaient débordés, des deuils qui n'ont pas pu être faits parce qu'on ne pouvait pas accompagner les personnes dans leurs derniers moments [...]. C'est vraiment quelque chose qu'on aurait pu éviter", insiste-t-til.

Attendre la fin de la crise

À l’Elysée, on affirme que c’est un sujet de réflexion mais on explique surtout que le temps des hommages n’est pas encore venu. "On n’est même pas encore sorti de la crise", plaide un conseiller. "C’est trop tôt", confirme l’entourage d’Olivier Véran, le ministre de la Santé. "Rien n’est encore prévu", finit par lâcher un important ministre. L'exécutif ne veut pas plonger le pays dans des commémorations alors qu’il demande des efforts aux Français.

Une chose est sûre, le temps viendra mais après. Un conseiller résume ainsi le débat : "personne n’aurait imaginé rendre hommage aux morts de 1914… dès 1915". "Si hommage il doit y avoir, c'est un hommage de la société civile avec des témoignages de familles, de manière à rendre les victimes visibles", défend pour sa part Michel Parigot.