Face au Rassemblement national, les Républicains sont divisés sur la stratégie à adopter : s'allier ou non avec LREM ? 4:02
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Aurélie Herbemont, avec Séverine Mermilliod
La droite vit une période compliquée avec les régionales en Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Cette semaine, Renaud Muselier, président LR sortant, a tendu la main à la majorité présidentielle. De quoi mettre la droite en ébullition avant la commission d'investiture mardi prochain. Le comité stratégique consacré au sujet mardi matin s'annonce orageux.
ANALYSE

"On peut retirer le soutien de LR à la liste, s'il faut aller jusque-là", tonne la direction du parti. Après les tentatives, infructueuses, de persuasion, la droite passe aux menaces. Voilà Renaud Muselier, président LR du Conseil régional de PACA sortant, prévenu, alors qu'il a tendu la main cette semaine à la majorité présidentielle en vue des élections régionales face au Rassemblement national.

"On peut être méchants, mais ne pas être idiots"

Mais pas question d'aller jusqu'à monter une liste LR pur jus contre lui. "On peut être méchants, mais on peut aussi ne pas être idiots", explique un dirigeant. Un maire de PACA, qui refusera de faire campagne s'il y a le moindre ministre ou député En Marche sur la liste, confie : "Nous ne voulons pas le faire perdre", et ça Renaud Muselier le sait. "Il vaut mieux quand même que je gagne et qu'ils m'aident", s'amuse t-il.

La droite va donc passer les jours qui viennent à s'invectiver, entre les défenseurs d'un accord avec la majorité présidentielle, pour éviter une victoire du Rassemblement national en Provence-Alpes-Côte-d'Azur et les autres, très nombreux, qui trouvent cette démarche "mortifère" pour LR à moins d'un an de la présidentielle. 

"Les divergences vont faire exploser les valeurs des Républicains"

Le président de la commission d'investiture de LR, Éric Ciotti, fait partie de ces derniers et dénonce un "accord d'appareil". Christian Estrosi, maire Les Républicains de Nice, défend plutôt un rapprochement avec les macronistes pour les régionales et s'en est défendu en micro d'Europe 1 samedi et craint une implosion du parti.

"C'est à ma famille politique de régler ses propres problèmes", estime le maire de Nice. "Si certains ne cessent de la conduire vers des dérives politiques pour camoufler son propre sectarisme en attaquant par les mensonges, la calomnie, cela ressemble fortement au type de posture que l'extrême droite utilise et cela m'inquiète énormément", a déploré l'élu local, pointant aussi du doigt son collègue de PACA qui "fait partie de ceux qui n'ont pas fait de choix aux élections présidentielles entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron". 

Rappelant que le parti des Républicains a été fondé "dans le prolongement de l'UMP, sur un socle gaulliste d'ouverture, de rassemblement et surtout, où la règle intangible était aucun rapprochement, ni de pensée, ni d'idéologie, ni de gouvernance en quoi que ce soit avec le Front national", Christian Estrosi craint, tout en se disant "attaché à sa famille politique", que si LR "continue dans cette voie, les divergences qui se montrent de plus en plus au grand jour vont faire exploser les valeurs sur lesquelles ont été fondés Les Républicains".