Renaud Muselier 1:17
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Stéphane Frangi et Romain David , modifié à
Candidat à sa réélection à la présidence du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, le Républicain Renaud Muselier a assuré mercredi, lors d'une conférence de presse, qu'il ne passerait pas d'accord avec la majorité présidentielle, même s'il invite celle-ci à le soutenir, et certains de ses membres à le rejoindre.
DÉCRYPTAGE

En Provence-Alpes-Côte d'Azur, le feuilleton des élections régionales se poursuit. Moins de 24 heures après avoir officiellement annoncé sa candidature, le Républicain Renaud Muselier a balayé lors d'une conférence de presse mercredi l'hypothèse d'un accord d'appareil avec La République en marche. Le président sortant du Conseil régional, candidat à sa réélection, veut rassembler large, mais assure qu'il ne marchera derrière personne, et surtout pas derrière Sophie Cluzel, la candidate LREM qui, selon nos informations, aurait été envoyée par Emmanuel Macron précisément pour préparer un rapprochement avec la droite locale.

Pour Muselier, la menace Mariani

"Je vais sortir du carcan des appareils politiques, donc je le dis et je le répète : il n'y aura pas d'accord d'appareil", a martelé Renaud Muselier. "La place, bien sûr, est ouverte à tous ceux de la majorité régionale avec ses huit composantes, y compris ceux qui sont engagés dans la majorité présidentielle. Et d'ailleurs, le bon sens voudrait que la majorité présidentielle m'apporte son soutien", a-t-il déclaré.

L'enjeu : faire barrage à l'ex-LR Thierry Mariani, passé dans le camp de Marine Le Pen, et qui, selon les enquêtes d'opinion, représente une menace de taille pour la réélection de Renaud Muselier. Mais selon une étude de l'Ifop, réalisée mi-avril pour La Tribune et Europe 1, une alliance LR-LREM permettrait au binôme de devancer le Rassemblement national et de l'emporter au soir du 27 juin (39% contre 37%).

Une manœuvre risquée

Toutefois, l'hypothèse d'une fusion de la liste LR avec celle des marcheurs dès le premier tour, largement évoquée ces derniers jours, a provoqué l'ire de plusieurs ténors de la droite locale, comme Éric Ciotti et le député du Vaucluse Julien Aubert, qui a menacé d'abandonner la campagne.

Si cette fusion permettrait à Emmanuel Macron d'implanter des marcheurs en PACA - un atout non négligeable à un an de la présidentielle - elle est à double tranchant pour LR, car une éventuelle réélection de Renaud Muselier via le soutien de la majorité présidentielle pourrait également pousser des électeurs de droite anti-Macron à se tourner vers le Rassemblement national. Ce dont LR pourrait faire les frais en 2022.

Un exercice de funambulisme

De quoi pousser Renaud Muselier à jouer les équilibristes, réclamant un soutien des marcheurs sans fusion de listes, mais sans fermer la porte à des rapprochements au cas par cas. "Aujourd'hui, il y a une liste La République en marche, pilotée par un membre du gouvernement. C'est à la majorité présidentielle de décider s'ils souhaitent maintenir cette liste ou m'apporter leur soutien", a-t-il estimé mercredi. Avant d'ajouter : "Dans la région, je sais qu'il existe des compétences dans la majorité présidentielle qui pourront nous aider dans la crise, comme dans la sortie de crise. On peut les additionner, on gagne à rassembler et on s'honore à se dépasser dans tous les cas."